Legacies, la série de 2018 sur The CW, se veut la digne héritière des univers de The Vampire Diaries et The Originals, en nous plongeant cette fois-ci dans l’école Salvatore pour les jeunes et surnaturels doués. Sorcières, vampires et loups-garous cohabitent dans un internat qui semble avoir piqué son concept à Harry Potter tout en tentant d’ajouter une touche de Buffy contre les vampires. Sur le papier, l’idée est alléchante : une école pour créatures surnaturelles, des mystères, des romances, et une nouvelle génération de héros. Mais en pratique, la série semble hésiter entre drame adolescent classique et fantastique un peu kitsch.
L’histoire suit Hope Mikaelson, la descendante ultra-puissante de plusieurs lignées mythiques, qui jongle entre les crises surnaturelles et les dilemmes typiques de l’adolescence. Hope a tout pour être une héroïne charismatique et complexe, mais son caractère semble parfois écrasé par le poids de son héritage. Tantôt imperturbable et forte, tantôt en proie à des insécurités adolescentes, elle est coincée entre sa destinée épique et des intrigues qui ne lui rendent pas toujours justice. Le manque de cohérence dans son développement la fait parfois osciller entre la reine des combats mystiques et une lycéenne tiraillée par des amourettes sans fin.
Les monstres, censés être l’attraction principale de la série, sont aussi variés que les thèmes de la mythologie grecque, mais leur traitement est souvent plus risible que terrifiant. Chaque semaine, un nouveau monstre sort tout droit d’un grimoire de clichés, souvent vaincu en deux trois mouvements sans que le suspense ne monte réellement. Des dragons aux nécromanciens en passant par des créatures de contes de fées, l’idée aurait pu être originale, mais l’exécution rappelle parfois les marathons de Scooby-Doo, où l’apparence compte plus que l’angoisse ou l’impact.
Côté intrigues, Legacies navigue entre les querelles adolescentes et les menaces surnaturelles avec un sérieux qui peut parfois sembler exagéré. Les triangles amoureux, les crises d’identité, et les jalousies au sein de l’école finissent par tourner en rond, donnant l’impression d’un interminable bal masqué où tout le monde finit par danser avec tout le monde. Les enjeux romantiques, plutôt que d’apporter de la profondeur, finissent souvent par affaiblir le récit, comme si les créatures de la nuit avaient plus à craindre des déboires sentimentaux que des véritables menaces.
Visuellement, la série reste dans la veine The CW : effets spéciaux corrects mais sans éclat, avec une esthétique sombre qui n’atteint jamais vraiment l’atmosphère gothique espérée. Les combats et les sorts sont filmés de manière assez standard, et les créatures, bien que divertissantes, manquent souvent de réalisme. L’école elle-même, avec ses grands halls et ses couloirs mystérieux, aurait pu devenir un personnage à part entière, mais elle se révèle être un décor assez générique, sans la profondeur d’un lieu mythique.
En résumé, Legacies a de belles idées et un héritage prestigieux, mais elle peine à être à la hauteur de ses ancêtres. L’ambiance oscille entre teenage drama et série fantastique, sans jamais pleinement embrasser l’un ou l’autre, et les monstres, censés pimenter le tout, finissent souvent par être plus divertissants qu’effrayants. Si vous êtes fan des séries originales et aimez les mystères un peu kitsch, Legacies pourra sans doute vous divertir un moment. Mais pour ceux qui cherchent un univers fantastique riche et profond, cette école risque de manquer de magie.