Crypto Gai

C'est important d'écouter l'opinion des autres. Tiens la dernière fois sur Senscritique je bashais une série animée pas top top et un fanboy venait m'exploser à la figure l'argument imparable, la vérité toute nue : je ne pouvais pas juger d'une série que je n'avais pas vu en entier. Outre la terrible erreur que celle d'avoir tenté de mal noté un anime sur SC je me rendais à l'évidence, l'aliéné que j'étais ne pouvais juger du bon goût d'une série avant de s'être enquillé les dizaines d'épisodes qu'elle pouvait compter. Parce que c'est comme ça, surement que certaines séries deviennent bonnes qu'à la fin.
Allez disons que je suis mauvaise langue et que si je n'avais pas continué après la saison 1 de The Office US ou de Parks and Rec juste sur la base des très bonnes critiques je serais passé à côté de sacrés trucs.

Il n'empêche qu'on voit assez vite le potentiel d'une série et qu'elle est rarement amené à changer du tout au tout brusquement. Il y a toujours des prémices, des bonnes idées sous exploités, un rythme qui se cherche.
Alors pas mauvais bougre que je suis je commence les Contes de la Crypte, une anthologie horrifique des années 80 qui a donc surement mal vieilli mais qui doit bien mériter sa réputation.

MON. DIEU. CETTE. SAISON. UN.
Allez disons, que je suis encore mauvaise langue mais force est d'admettre que la première fournée de six épisodes m'a fait du mal. Je suis alors encore bienveillant sur la notation surtout que j'accepte le fameux "point bonus pour l'avoir vu en V.F". Et pourtant cette VF elle a du en bercé des jeunes ados boutonneux friands d'horreur aujourd'hui devenus vieux nostalgiques. Oui parce que je sais pas si je vous ai dis mais je fais gaffe à l'avis des gens maintenant. Et quelque chose dégouline de toutes ces critiques bienveillantes, des commentaires sur les épisodes et des remarques sur la série : de la nostalgie.

Elle a bon dos celle-là, on la sort à tout bout de bras, on va jusqu'à parler d'effet doudou mais c'est vrai qu'elle est puissante. Et comme un fossé gigantesque se creuse entre ce que je lis sur ces fameux contes et ce que j'y vois sur mon écran. Des téléfilms, rien de plus que de vieux téléfilms aux intrigues lourdingues et à l'horreur minimale, le tout condensé en 20 minutes. Et je cherche à comprendre, car je lis déjà que pléthore de réalisateurs et d'acteurs aujourd'hui connus et reconnus de tous se sont succédé au cours des 7 saisons - et en effet je les vois, toujours amusé que je suis de reconnaître un nom célèbre ou un visage si jeune -, alors comment le résultat peut il être si désastreux.

Le haut du panier se sont des épisodes tout juste passables, des pas trop mauvais moments à passer. Le reste c'est une purge, un condensé de clichés, d'effets spéciaux et de mises en scène surannés, des acteurs à la ramasse. Dieu que c'est mauvais, mais il faut s'accrocher, pour ce petit Jimmy 15 ans qui aimerait me voir finir une série JUSQU'AU BOUT.
Un problème qui n'en était pas un au début survient, et pour cause, la série ne se renouvelle jamais. Les saisons commencent à s'enchainer et les intrigues tournent en rond. Alors soit on est dans une série horrifique où presque toujours un meurtre vient fermer le rideau. Mais les contes de la crypte, à une époque où le genre horrifique n'est pas encore trop éculé, s'embourbe déjà dans les clichés. Les twists n'en deviennent plus à force d'être les mêmes et pire, la série invente ses propres tropes.

J'ai voulu faire des statistiques, en tout cas j'y ai pensé un peu trop tard mais on est facilement dans les débuts de la série à un adultère tout les deux épisodes, une histoire de fric deux épisodes sur trois et une envie d'être plus beau ou plus célèbre/talentueux tout les quatre épisodes.
Et comprenez bien que je ne troll par pour troller, car si aujourd'hui ces rengaines m’apparaissent aussi flagrantes c'est que dans les ultimes saisons la série surprendra bien plus, expérimentera des concepts, des idées, bref, les scénaristes feront leur tafs. Mais j'y reviendrais.

Alors donc si une bonne histoire est répétée sans cesse à priori il ne devrait pas y avoir de problèmes. Sauf que comme je l'ai déjà dis les acteurs et la mise en scène sont fraises mais l'intrigue en elle-même est épineuse.

C'est simple, les contes de la crypte est écrit par un enfant, joué par des enfants qui ont des rôles d'enfant.

N'importe quel personnage peut à tout moment faire un turn evil ou turn face des enfers, les crimes sont décidés sur des coups de têtes, la moindre jalousie, la moindre frustration et STAB. C'est flippant vraiment au bout d'un moment de voir comment le script dérape à chaque fois. Ça devient un Classic Crypte, du roll eye par pack de six. Même chose pour le sexe, les personnages peu importe leur lubbys et leur tares péchos en moins de vingt secondes montre en main le premier personnage du sexe opposé croisé.
Et donc voilà le sempiternel "j'ai une vie de merde => je ken => je deviens riche => je me fais tuer" qui s'installe alors sans qu'on y prête attention. Une monotonie qui connaît ses variations forte heureusement mais qui irrite, qui irrite énormément.

Je vous écoute, même quand vous ne me parlez pas et je sais que vous allez dire que les épisodes ne durent que vingt minutes. C'est vrai. ET ALORS ?
Le gros problème de cette série et qu'elle vie dans l'urgence, avec sous le bras un cahier des charges qui imposent du sexe et du meurtre parce que fuck it man on est sur HBO on a le droit et c'est cool regarde même toi tu nous trouves irrévérencieux, ah si seulement on faisait encore des séries adultes comme celle-là, ah si seulement on avait encore la peine de mort et que les femmes ne pouvaient plus voter.
Il y a une vraie problématique dans ces épisodes qui parfois ont un très bon plot mais n'ont absolument pas le temps de se développer et qui surtout se vendent au départ comme de l'horreur pour au final finir dans le burlesque, le cartoonesque et le feuilletonant.

Mais qui nous vend la série comme de l'horrifique, comme insoutenable et à ne pas mettre devant tout les yeux ? Dans le mille. Ce mothafuckadamnsonofabitch gardien de la crypte.
Voilà surement le personnage qui valide le plus mon théorème du point en plus pour la VF car avec ses 3 doubleurs différents, ses adaptations de blagues et son rire à faire s'empaler un chaton, le gardien est à son image, infecte.
Et je comprends la volonté d'instaurer un décorum, de créer une douce routine, de détendre avant et après des histoires sinistres et de faire de l'humour noir. Sauf que 1°) La sauce n'a pas pris avec moi. 2°) Il n'est pas drôle. Ses séquences deviennent lourdingues, uniquement là dans le but de placer le plus de jeux de mot possibles sur la mort et histoire d'évoquer rapidement l'épisode à venir. Mais il n'apporte en soi rien à la série, finissant même par développer des thématiques différentes de l'épisode en question pour contenter le fan émérite qui veut compléter sa collection de cartes avec gardien ophtalmo ou gardien spationaute.

Et donc voilà, une intro longue et chiante comme les fait si bien HBO (coucou Soprano, The Wire etc), des entractes de Didier Gustin et un corps d'épisode vide.
Mais je m'accroche, t'as vu Jimmy, je continue, je ne vacille pas, droit dans mes bottes.
Alors quelque chose se passe.

La saison 3 se finit sur un épisode assez particulier, jamais sorti en France alors que pourtant il évoque la seconde Guerre Mondiale. Pour faire court c'est les Sentiers de la Gloire. Genre vraiment. Y Kirk Douglas, y a une remise en question de la guerre, toussa toussa.
Bêtement je pensais que l'épisode n'avait pas été gratifié d'un doublage français car le sujet était trop sensible pour qu'on en rigole (enfin pour que le gardien en rigole parce qu'il ne me fait toujours pas rire). L'histoire est plus complexe que ça et en gros, avec deux autres épisodes, Trouillard formait une trilogie pilote pour une nouvelle série de Zemmeckis finalement jamais lancée.

L'épisode n'est pas parfait mais apparaît comme une bouffée d'air frais en ne traitant ni d'amour, ni d'argent, ni des deux ensemble. Juste la guerre, la couardise et un putain de duo. Kirk Douglas et son fils, à l'écran comme à la vie. C'est beau et ça redonne du baume au cœur.
Je préfère quand même l'annoncer tout de suite jusqu'à l'ultime épisode j'aurais trouvé des morceaux pourris dans cette crypte mais les morceaux de bravoures se multiplient eux aussi jusqu'à cette saison 6 qui revient pas mal aux contes, les vrais et qui surtout se clôture sur un épisode absolument dingue avec une reconstitution d'Humphrey Bogart et monsieur Hitchcock. L'exercice est ultra périlleux, et même si le résultat à l'écran a mal vieilli, ces 20 minutes de vue à la première personne forment un de mes épisodes favoris. Parce qu'encore une fois, les scénaristes arrivent à prouver qu'on peut faire de l'humour noir, ne virer ni dans le pathos ni dans le crados et développer un tant soi peu ses personnages.

Mieux encore avec la saison 7 qui pour je ne sais quelle foutu raison pose ses valises en Angleterre avec les acteurs et les accents qui vont bien. Le flegme et la classe en plus, les récits gagnent en saveur même si on retrouve encore quelques contes anodins et surtout un épisode final en dessin animé qui chie à la gueule de l'animation en général en plus de déféquer du sang dans tout les sens juste parce que "on a le droit c'est du dessin animé on a pas de problèmes de FX alors on va rattraper tout ce qu'on a pas fait en 7 ans".

Et oui 7 ans d'une série qui aura donc subi les influences du cinéma de genre avec au début des intrigues qui pourraient très bien être des romans à l'eau de rose pour finalement verser dans le pure fantastiques, invoquer des créatures légendaires et recourir parfois au gore et au creepy (merde la black dans Fête surprise, je comprend toujours pas son apparition). 7 ans d'une série qui aura même vu apparaître la fameuse intro HBO pour aussi adopter ce qui fera plus tard le leitmotiv de la chaine à savoir des persos et des intrigues denses, matures et humains.

Car vous allez me dire, dans les premières saisons, le côté terre-à-terre des histoires visent à montrer toute la monstruosité de l'Homme, ses perversions et ses démences. Sauf que la suite le fait tout aussi bien et avec logique. Certains épisodes subsistent encore sans une once de fantastiques, pas mes préférés personnellement mais je dois bien reconnaitre que la série se bonifie en allant sur sa fin.

Un 5 quand même, un 5 de punition, un 5 de déception pour tout ces épisodes à jeter à la poubelle, pour cette volonté de faire tenir en 20 minutes ce que l'excellent Inside No.9 étend à chaque fois admirablement avec le triple de temps. Un 5 pour l'épisode de et avec Tom Hanks so useless. Un 5 pour les 400 rires du gardien qui tel un Cyril Hanouna rigole à ses blagues pour te montrer à quel point tu dois rire. Un 5 pour les deux ultimes saisons qui sont les meilleures mais qui n'ont jamais été doublés et qui doivent donc être inconnus d'un grand nombre de fans.

Ah, mais oui je vous entend mes chers. Tout ce que je critique là, je ne devrais parce que la série, adaptée en grande partie des comics du même nom sont dans la plus pur tradition Pulp.
Non, ces quatre lettre ne justifient pas tout, pas plus que les gens qui aiment la pulp dans le jus d'orange. HYANANANANANANAN GOODNIGHT KIDDIES.

Vous avez vu comme c'est chiant ?