Belle surprise selon moi, que ces Demoiselles du Téléphone, qui de prime abord ne m'avait pas enchantée !
L'épisode pilote m'avait en effet donné le sentiment de quelque chose d'un peu niais, avec cette voix-off un brin agaçante et ... l'utilisation des mêmes ressorts scénaristiques de la très réussie Velvet. Pendant 2/3 épisodes, j'ai eu ce désagréable sentiment de me faire flouer : transposer ce qui avait fait le succès de cette série mettant en scène une entreprise florissante des années 50, avec le même type d'intrigues, les mêmes amours impossibles, la même photographie etc ...
Pour moi, les Demoiselles du Téléphone n'étaient alors qu'une pâle copie d'une série qui a véritablement cartonné chez nos amis ibériques et je me suis dit que les auteurs, en mal d'inspiration, tentaient de donner le change en reprenant les mêmes codes et en les transposant dans les années 20, au sein d'une compagnie de téléphone.
Mais, le véritable talent des auteurs a été, selon moi, de s'affranchir de ces facilités d'écriture, et de mettre en place une intrigue qui tient en haleine, avec des personnages féminins forts, une empreinte féministe qui s'affirme au fil des épisodes ... et bien sûr, des hommes :-)
Cette série montre notamment les nombreux combats que doivent mener ces femmes éprises de liberté. Une liberté qui passe d'abord par le fait de décrocher un emploi au sein d'une compagnie de téléphone, symbole d'avenir et de modernité.
Très vite, sur fond d'intrigues captivantes, se dessinent les enjeux auxquels doivent faire face ces femmes, si différentes, si complémentaires et qui nous ressemblent aussi : se réaliser personnellement et professionnellement, faire face à l'oppression du machisme ambiant, trouver sa place, nouer de belles amitiés, apprendre à aimer ou aimer à nouveau ...
Et puis, d'autres sujets plus forts sont peu à peu abordés. Et c'est ici que la série est véritablement venue me chercher, m'emporter. Sous l'apparente légèreté, portée par des musiques délicieusement anachroniques, des sujets bien plus profonds m'ont retourné les tripes.
Je préfère prévenir les âmes sensibles (dont je suis) : les images sont crues et parfois même choquantes.
Dans la saison 1, la violence conjugale est montrée sans filtre, comme si nous étions le témoin de l'abomination de ce qu'un homme violent peut faire à une femme. La briser dans sa chair, au plus profond de ses entrailles, dans le lieu sacré de l'enfantement. Eprouvant.
Dans la saison 2, l'homosexualité et les questionnements sur l'identité sexuelle d'une des protagonistes sont abordés. La réponse de la médecine, qui considère cela comme des déviances, est ... inhumaine, un supplice, une abomination. J'en ai pleuré.
Bien sûr et cela est heureux, la légèreté est aussi au rendez-vous, pour mettre de la douceur, du plaisir ... et des touches de romantisme, parfaites pour faire fondre mon petit coeur de midinette !
C'est là que la série réussit un pari audacieux : mettre en lumière des sujets sensibles, toujours ô combien actuels ; mêler intrigues amoureuses, professionnelles, personnelles ... tout en conservant un réalisme qui donne envie de poursuivre les épisodes.
Bref, une série intelligente, qui mérite que l'on prenne le temps et qu'on lui donne sa chance. Un peu comme une jolie rencontre ...