Le titre fait référence à la série éponyme de 82 gravures de Francisco de Goya (1746-1828). En préambule, il est mentionné, d’après Goya, écœuré par la barbarie des Français (bien qu’il soit athée et admirateur de la Révolution Française) et des Espagnols, que « l’idée de liberté et de progrès se traduit par la lance, le sabre et la baïonnette, à la barbarie répond la brutalité, à la haine, la haine et le sang engendre le sang. Il n’y a pas d’innocence, ni de pardon ». Il s’agit d’un feuilleton télévisé de qualité (musique composée par Antón GARCÍA ABRIL) qui a le double mérite de traiter de la guerre napoléonienne en Espagne (1808-1814), peu connue en France (elle est qualifiée de guerre d’indépendance par les Espagnols) et de revoir des acteurs français tels que Bernard FRESSON [52 ans, colonel puis général Léopold Hugo (1773-1828), père du célèbre écrivain et qui a su tirer parti de son expérience de la guerre de Vendée), Jean-Claude DAUPHIN [35 ans, général Savary (1774-1833)] et Pierre SANTINI (45 ans, Napoléon Ier). Le 1er épisode est un peu long à démarrer avec une succession de scènes entre Napoléon Ier (1769-1821), son frère Joseph (1768-1844), déjà roi de Naples (où Léopold Hugo était à son service), et nommé roi d’Espagne de 1808 à 1813, à la place du roi Charles IV (à qui son fils, Ferdinand, dispute le trône), histoire de planter le décor. On rentre ensuite dans le vif du sujet avec les exactions françaises (prêtres tués à la baïonnette, pendaisons, décapitations, viols, tortures de villageois, incendies de villages, batailles où rodent des vautours) et la résistance de Juan Martín Díez dit le Têtu (El Empecinado) qui dirige les rebelles. L’action réformatrice de Napoléon Ier n’est pas oubliée, avec la rédaction des droits féodaux, la suppression de l’Inquisition et des taxes intérieures. Le réalisateur privilégie les actions des chefs (Hugo et le Têtu sont antagonistes mais aussi semblables), sans trop détailler les explications (économiques, suivant une lecture marxiste) de l’intrusion napoléonienne (lutte contre les Portugais, alliés des Britanniques et refusant d’appliquer le blocus continental qui visait à empêcher le Royaume-Uni de commercer avec le reste de l’Europe). Au final, après au moins 250 000 morts Espagnols, c’est la royauté qui a triomphé. Le fil conducteur est constitué par les estampes en noir et blanc de Goya (joué par Francisco RABAL) dont certaines sont reconstituées à l’écran et qui figurent au générique de fin. Le scénario reste moderne et toujours actuel avec les bonnes et mauvaises raisons d’envahir un pays et qui restent, toujours, vouées à l’échec (Vietnam, Afghanistan et l’avenir le dira pour l’Ukraine).