Épisode 1
Que reste-t-il du talent de Henning Mankell dans cette adaptation par la BBC Scotland. Rien. Le guerrier solitaire est un ratage complet, et l'on ne saurait trop conseiller à ses réalisateurs de s'essayer à une autre activité que le cinéma : il y a le macramé, le crochet ou la peinture sur soie par exemple.
Premier écueil, scénaristique : le film multiplie de façon lassante les scènes de meurtre, en développant par ailleurs la vie privée de Wallander, un flic alcoolique et mal rasé qui désespère de recevoir l'estime de son papa peintre. S'attardant sur ces tribulations familiales, Mc Brien et Cotten négligent d'étoffer leur intrigue, dont le spectateur ne tarde pas à saisir les tenants et aboutissants : une histoire de punition ésotérique, qu'on ne prendra pas soin de détailler non plus, suffit d'appliquer un masque de guerre blanc sur le visage du criminel et l'affaire est dans le sac. Punition et sacrifice pour "libérer l'âme des victimes", ces jeunes filles consommées par des vieillards libidineux dans des parties fines.
Pour parfaire le fiasco, on ajoutera quelques poncifs du genre : la jolie collègue qui suscite une attirance chez le vieux flic, le "profileur" binoclard dépêché du siège qui, naturellement, débecte cet homme de terrain qu'est Wallander. Côté intrigue familiale, ce n'est guère mieux puisqu'on verse dans le gnan gnan, le papa et le fiston finissant par se réconcilier sur une promesse de voyage à Rome - seul endroit où l'on peut admirer les oeuvres des autres, c'est bien connu.
Résumons : pas de suspense, pas de rythme, un script éculé. Ce n'est pas tout : c'est quoi cette idée de tout filmer en plans rapprochés ? Trop de gros plans tue le gros plan, rendant ce choix totalement gratuit. Allez hop, macramé direct, moi j'dis.
Sauvons tout de même deux ou trois choses : l'idée du tableau de la jeune fille dégageant une pulsion sexuelle n'est pas mal. Et nos deux réalisateurs parviennent bien à faire sentir une tension à chaque fois que Wallander se rend dans la maison du meurtrier. Le décor du bar avec les cartes à jouer est chouette.
Je crois bien que c'est tout. Dans le genre, il y a longtemps que je n'avais vu si médiocre. La BBC n'est plus ce qu'elle était, et Kenneth Branagh aurait mieux fait de s'en tenir à Shakespeare, plutôt que de s'égarer dans un tel projet. Dont je ne poursuivrai pas l'exploration.