Les Griffin (Family Guy pour les puristes), diffusée depuis 1999 sur FOX, c’est un peu comme un plat de spaghettis humoristique jeté contre un mur pour voir ce qui colle – et souvent, c’est tout. Seth MacFarlane, le créateur, nous invite dans le monde absurde et sans retenue de la famille Griffin, où la logique est optionnelle, les gags explosifs, et les situations de plus en plus farfelues à mesure que la série avance. Ici, la satire ne s’impose aucune limite, et la subtilité est une notion aussi lointaine que le bon goût dans certaines scènes.
Au centre de tout cela, il y a Peter Griffin, le père de famille à l’intelligence aussi limitée que son tour de taille est large. Peter n’est pas l’archétype du père de sitcom classique ; il est volontairement grotesque, souvent incompétent, et parfois purement offensant. Sa bêtise est le point de départ de la plupart des situations absurdes, et si certaines de ses répliques font mouche, d’autres tombent un peu à plat, flirtant avec la ligne du politiquement correct… et la franchissant allègrement la plupart du temps.
La famille qui l’entoure est tout aussi déjantée : Lois, sa femme à la patience aussi surnaturelle que ses opinions fluctuantes ; Chris, le fils adolescent qui peine à aligner deux pensées cohérentes ; Meg, l’éternelle victime de moqueries familiales qui semble exister pour encaisser les blagues cruelles ; et Stewie, le bébé diabolique à l’ambition de conquête mondiale, dont le cynisme et la capacité de raisonnement surpassent de loin tous les autres. Et n’oublions pas Brian, le chien alcoolique et sarcastique, qui pourrait bien être le personnage le plus rationnel de la série – ce qui en dit long sur la normalité de cette famille.
L’humour des Griffin repose beaucoup sur le "cutaway gag" – ces scènes hors contexte qui surgissent de nulle part pour ajouter une punchline visuelle ou un gag référentiel. Si cette technique est devenue la signature de la série, elle peut aussi sembler répétitive. Ces gags rapides et absurdes, qui parodient tout, de la culture pop à la politique en passant par les moments marquants de l’Histoire, sont drôles et déconcertants à la fois, mais ils ont parfois l’effet d’un feu d’artifice incessant : à force de vouloir surprendre, ils finissent par saturer.
Là où Les Griffin excelle, c’est dans sa capacité à aborder des sujets tabous sans vergogne, mais la série peine souvent à équilibrer satire et provocation gratuite. Chaque épisode est une tentative de repousser les limites de l’humour, et cela donne un mélange explosif, mais souvent inégal. Certains gags sont brillamment construits et font rire aux éclats, tandis que d’autres semblent forcés, cherchant la réaction à tout prix. La série se délecte de l’irrévérence, mais ce choix peut l’amener à paraître insensible, voire brutale, en se moquant de sujets sensibles sans apporter de vraie réflexion ou de profondeur.
Visuellement, Les Griffin ne révolutionne pas l’animation, avec son style simple et ses personnages aux traits rudimentaires. Mais cette simplicité fait partie de son charme. L'animation, fonctionnelle et sans prétention, laisse toute la place aux dialogues et à l’humour sans détourner l’attention par des artifices visuels. Les décors de Quahog et les lieux du quotidien renforcent cet univers familier, rendant l’absurde encore plus marquant lorsqu’il s’y invite.
En fin de compte, Les Griffin est une série qui se nourrit de l’absurde, de l’ironie, et de la satire à outrance. Elle fonctionne comme un miroir déformant de la société américaine, mais sans vraiment chercher à faire évoluer ses personnages ou à offrir des arcs narratifs continus. Ce manque d’évolution peut donner une impression de répétition, mais pour les fans de la première heure, c’est aussi ce qui en fait tout le sel. On ne regarde pas Les Griffin pour la subtilité, mais pour un humour sans retenue, où la société, la culture et les normes sont déchirées et réassemblées dans un chaos volontaire.
Pour ceux qui aiment la satire sans filtre et les références culturelles déguisées en gags visuels, Les Griffin est une série à apprécier sans modération. Pour ceux qui préfèrent la comédie un peu plus raffinée… disons que Peter Griffin et sa famille risquent de donner une overdose d’humour ravageur qui n’épargne rien ni personne.