Microcosmos
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Une femme tombe d'une échelle en cueillant des prunes. Un jeune homme qui passe à bicyclette lui porte secours. Une conversation s'en suit. le jeune homme est atypique, la femme se sent troublée. Il repart. Il disparait.
Cette disparition qui n'interpelle personne, hormis une presque inconnue, est au cœur d'une intrigue champêtre dans laquelle s'entrecroisent plusieurs personnages, menant chacun/chacune leur enquête à leur façon : une quinquagénaire qui fait un break avec les hommes (Emmanuelle Devos), un enfant de passage qui parle peu et observe tout (Antonin Chaussoy), un ex-policier en deuil de son père (Jonathan Couzinié), une garde champêtre qui dit tout ce qu'elle pense sans mâcher ses mots (India Hair) et cette famille de riches agriculteurs devenus pauvres ouvriers d'une usine menacée de fermeture, au sein de laquelle semble croupir une violence sourde.
Crise sociale de la campagne en arrière plan, agriculteurs incapables de rémunérer une main d'œuvre dont ils ont besoin (les enfants étant partis tenter leur chance en ville), ouvriers d'usine confrontés à la perspective du chômage, racisme sous jacent, conflits de voisinage, crise au sein du couple, au sein de la famille. Toujours, la tension est latente, les sentiments à fleur de peau.
L'ambiance est installée, rythme ni trop lent ni trop rapide, sans temps morts. Le scénario tient en haleine, on enchaine les 3 épisodes à la suite les uns des autres, poussé par la curiosité de découvrir ce qu'il est advenu de Mounir. Les dialogues sont percutants, très bien portés par les actrices et acteurs, qu'ils soient bavards ou presque mutiques. Mention spéciale pour India Hair, regard dur qui s'illumine d'un coup, dont chaque réplique, qu'il s'agisse d'une menace ou d'un mot de tendresse, est comme un coup de poing lancé en pleine face. Et au jeune Antonin Chaussoy, dont les yeux sombres aux longs cils sont le charme de l'histoire.
Arte confirme une fois de plus qu'elle n'a pas son pareil pour les mini séries de qualité. Les hautes herbes se savourent d'une traite et peuvent se revoir avec plaisir, une fois la vérité révélée, pour une seconde lecture. Un bon moment de télévision. Merci Arte.
Créée
le 8 janv. 2022
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