Alors faut savoir que j'insupporte cette aberration totale qu'est la phrase "han mon enfance est détruite". Putain, si ton enfance entière prend cher si on parodie un de tes dessins animés que tu regardais devant un bol de Chocapic périmé, elle devait être bien vide. Perso, mon enfance, c'est des œuvres certes, mais c'est surtout des villes, des proches et des souvenirs autrement plus vivants. Et venez pas me dire que c'est dit dans un second degrés : cette phrase sois-disant au second degrés limite énormément les créateurs, comme les tentatives de relances modernes de séries d'enfance. Bon, c'est vrai que la plupart du temps c'est des catastrophes (à l'exception de "Petit Poney"), mais niveau Idolâtrie de la Nostalgie ça se pose là. Quand cette phrase est utilisée dans un contexte comique, là je dis pourquoi pas, mais là faut y aller à fond. Avec tout le respect que je dois à Antoine Daniel, quand il parle de "destruction d'enfance" en alliant la musique de Petit Poney et Poney Play, ça ne reste qu'un montage qu'il sur-surligne lui-même ; mais en réalité le montage n'a rien de créatif ou irrévérencieux. Heureusement qu'il a arrêté après...
Et puis y'a "Les Kassos", la seule exploitation valable à mes yeux de cette expression cancéreuse d'Internet. Mais là, justement, les mecs n'ont peur de rien et pousse la manette dans un grand éclat de rire diabolique : du coup ça devient mythique. Les canards à la Riri, Fifi et Loulou deviennent des racailles (mention spéciale au doublage impeccable de l'épisode ; les doublages sont, de manière générale, vraiment exceptionnels et je pèse mes mots). Inspecteur Gadget qui devient hyper badass (ses "Ta gueule" mythiques, son duo avec Dora... Toutes ses apparitions sont géniales). Astérix et Obélix en poivrots locaux de première classe. Mario et son frère en duo gros beauf/ménagère coquine (où Luigi prend encore plus cher que d'habitude). Les Daltons en version "réaliste" avec une touche Musulmane (entendre Averell avec un accent raciste et Jo en mode Chuk Norris hyper irritable, c'est juste un bonheur). Edward de Twilight qui ne sait que dépuceler des collégiennes. Oui-Oui en grosse caricature du Nordiste (sans l'inceste). Et tant d'autres...
C'est des délires, mais ce que j'apprécie vraiment c'est leur irrévérence impeccable en si peu de temps. Pour preuve le dernier épisode de la saison 3, avec Bip-Bip et Vil Coyote. Comme fin de saison, pour une série qui se base sur le principe de démythifier au maximum des personnages populaires, je trouve que c’est un accomplissement. Pas forcément dans l'humour, mais dans la démarche : les mecs sont restés fidèles à eux-même et aux intentions qui ont forgées la série. C'est assez rare pour le souligner. Et pour achever cette démarche, ils poussent la destruction au stade ultime, le suicide. Clap Clap Clap.
Alors pourquoi 7 ? Parce que je trouve qu'il y a quand même un bon tiers des épisodes qui sont dénués d'intérêt. La parodie de Pokémon fait plus moucheron que mouche, Dragon Ball ne s'adresse qu'aux initiés (risque que prend la série, et rate certaines fois du coup), et l'exploitation pas du tout originale de Casimir m'attriste, parce que sa caricature prouve définitivement que nous avons perdus l’innocence dite de la Peluche Géante : une création qui incarne un personnage d'abord conçu pour l'animation, et qui du coup devient forcément un potentiel pédophile. Heureusement que dans les années 80, on était un peu plus ouverts à l'imagination et au droit de l'insouciance des enfants...
La série se mate rapidement, très facilement, et certains épisodes vous marqueront forcément. Mais je pense que les mecs, en plus de réussir leur humour et leur démarche auxquels ils restent fidèles, doivent encore réussir à parler vraiment à tout le monde à chaque fois. Franklin la tortue par exemple ? Bob l’Éponge ? Sonic en éjaculateur précoce ? Il y a encore tant de terrains à explorer les gars, ne ressassez pas Mr Patate s'il vous plait. Parce que putain, quand elle marche, qu'est-ce que cette série fait du bien, pour les grands gamins que nous sommes !
Oh et en fait, mon enfance va très bien. Elle est finie depuis longtemps en fait.