Suite de la série culte des années 80, les maîtres de l'univers a débarqué sur Netflix avec une première saison de 10 épisodes en deux parties. Elle a été, et est encore au moment où j'écris ces lignes, énormément critiquée pour son progressisme supposé, voire pour son adaptation féministe aux codes de la société d'aujourd'hui. Qu'en est-il réellement? Bien sûr la série Netflix développe des personnages féminins forts et prend le parti de ne pas placer l'emblématique Musclor, le héros culte d'origine, au cœur de l'intrigue, mais plutôt sa comparse (au départ plus secondaire) Tila. Mais ce serait oublier que l'univers de la série est riche aussi de ses héroïnes. (La série dérivée autour de She-Ra de 1985 ou son reboot de 2018 vont dans ce sens.)
Avant tout, cette suite de la série de 1983, est une série de héroic-space-fantasy divertissante, colorée et amusante. Il se dégage une certaine naïveté parfois bon enfant, au milieu de scènes d'action particulièrement virevoltantes. Les trouvailles sont nombreuses, entre technologies avancées et magie des temps anciens, et le mélange des genres, plein d'audace. Ainsi, le traitement des monstres est plus nuancé qu'il n'y paraît, les méchants ont des motivations relativement approfondies, et les gentils ne sont pas aussi lisses qu'ils en ont l'air de prime abord. (D'ailleurs, le personnage de Musclor a énormément gagné en épaisseur, et je ne parle pas que de sa musculature imposante, mais bien de sa psychologie).
Bien sûr, la série aurait pu aller plus loin, être plus violente, plus sombre, plus iconoclaste, mais elle parvient déjà à séduire grâce à des personnages attachants et à un sentiment de dépaysement efficace, notamment dû à une fusion d'influences et d'univers disparates (pour ne pas dire carrément opposés). Le résultat obtenu est tel un patchwork improbable, respectant son matériau d'origine et l'amenant vers une dimension sans doute plus inclusive, mais diablement rafraîchissante. Alors oui, j'y vais.