Mini-série tournée en 1972 par Marcel Bluwal pour la 2ème chaine de l'ORTF trouvée dans un coffret d'une bonne dizaine de téléfilms de l'époque. La plupart, notamment ceux de Bluwal, présentent un intérêt certain comme cette mini-série en deux films de 2 heures environ qui est donc une adaptation du roman de Victor Hugo.
L'histoire est (évidemment) fidèle au livre d'autant plus que la voix off reprend régulièrement des morceaux de texte dans leur intégralité et que les dialogues sont souvent pris directement dans le texte.
Alors, il faut dire ici qu'il y a quand même quelque chose qui pêche et qui m'a gêné. J'ai dit que l'histoire était fidèle au roman mais Bluwal met un accent très important (trop pour moi) sur l'insurrection de juin 1832. Le film commence longuement par évoquer l'agitation révolutionnaire ou républicaine semi-clandestine des étudiants mécontents de la monarchie post 1830. Cette agitation se transformera en une brève insurrection sanglante à l'occasion des funérailles du général Lamarque. Ce n'est qu'au bout d'une heure environ, qu'un flash-back permet de retrouver notre Jean Valjean, ex bagnard, avec l'évêque de Digne puis dans ses aventures très écourtées à Montreuil sur mer jusqu'au cloitre où il se réfugie avec Cosette.
Or, dans le roman de Hugo comme dans la plupart des adaptations, il n'y a pas un tel poids de cet aspect politique. Et, ce que je préfère personnellement, c'est justement tout le travail de construction / rédemption de l'ancien forçat, la construction de la relation entre Jean Valjean et Cosette. D'où une certaine frustration face à des discussions enflammées sur des nuances politiques (qui m'intéressent médiocrement)
Un détail qui m'a étonné c'est qu'on y parle de "communistes" parmi les étudiants. Or, après vérification, il semble que Bluwal ait anticipé l'usage du mot d'une bonne dizaine d'années si pas plus. Je n'ai pas vérifié si Hugo employait le mot dans le roman, écrit en 1862 où, c'est sûr, il y avait bien des gens qui se considéraient "communistes".
La distribution est plutôt bien avec un surprenant Georges Geret en Jean Valjean qu'il interprète très bien. Bernard Fresson en Javert est bien. Globalement, les acteurs Alain Mottet (Thénardier), Nicole Jamet (Cosette) ou François Marthouret (Marius) qui sont des acteurs plutôt de télé, tiennent parfaitement leur rôle.
La musique ! C'est le requiem de Verdi que Marcel Bluwal utilise à diverses reprises et dans diverses circonstances. Pour les puristes, ce doit être une faute affreuse voire un scandale. Il est certain qu'il ne vaut mieux pas penser aux paroles qui ne doivent pas avoir grand rapport avec l'action. Ceci étant dit, pour ma part, j'ai bien aimé l'appui donné par certains chœurs lors de scènes émouvantes comme celle de Cosette et de son seau et de bien d'autres comme la fuite de Jean Valjean dans les égouts avec Marius sur son dos. Globalement, ça m'a semblé plutôt une bonne idée.
En conclusion, ces "misérables"-là ne me paraissent pas honteux du tout car on finit par y retrouver tout ce qu'on aime bien et que c'est bien joué par des acteurs issus souvent de la télé ou du théâtre.
J'ai, personnellement, trouvé que Bluwal faisait la part un peu trop belle à cet aspect politique, thème qui ne me semble pas si central dans le roman. En 1972, est-ce dû au souvenir encore vivace des évènements de 1968 ou est-ce dû aux convictions politiques de Bluwal ?