Cette fois le Cow-Boy solitaire, il est en France, il y reste !

D'ailleurs parfois les textes intradiégétiques sont écrits en français, et si ils sont pas écrits en français ils sont écrits en rien du tout. Vous m'excuserez aussi si les comparaisons avec la Bande dessinée est un peu bancale, je ne la connais pas par cœur.

Dix ans après la série IDDH (et celle de Terence Hill), c'est Xilam qui reprend la marche pour adapter le lonely cow-boy sur le petit écran. Xilam a déjà fait ses preuves dans le cartoon avec les Zinzins de l'espace et Oggy et les cafards à ce moment là, et a montré une plus grande appétence pour la comédie que pour l'action qui s'était faite sous la forme d'Highlander ou Le Magicien.

Lucky Luke sera donc pour eux l'occasion de retourner au format 20 minutes et de mixer un peu les deux.

La principale différence avec les précédentes adaptations est assez évidente, c'est que Xilam a pris sur soi d'écrire de nouvelles aventures au lieu de transposer à nouveau les bandes-dessinées originales. Après tout, les albums avaient déjà étés adaptés, du moins ceux de Goscinny qui comptent le plus, et puis on avait vu dans la série IDDH que l'adaptation fidèle condamnait la série à être un peu expéditif, donc choisir de créer des histoires sur-mesure pour le format 20 minutes n'est pas un mauvais choix. C'est peut-être le genre de risque qu'une animation un peu plus artistiquement ambitieuse prendrait dans les années 2000. Parce qu'en terme de graphisme, Lucky Luke utilise certes une animation un peu plus rigide et numérique sous-traitée en Corée du Sud ou aux Philippines - quoique l'animation n'était déjà pas extraordinaire dans la très humble version IDDH, et très fluctuante dans la version Hanna-Barbera - mais surtout il mise sur un graphisme très bande-dessinée avec des couleurs chatoyantes. La série adapte les chouleurs monochromes dans le style que Morris utilisait dans la BD ; la série s'en sert surtout pour surligner les émotions des personnages.

Le rythme est plus alerte que dans les précédentes adaptations, déjà la musique n'est plus le synthé pataud ou la country assez sympathique accompagnée d'un peu de grande musique orchestrale, c'est une sorte de blues rock (?) plus alerte, qui accompagne plus précisément l'image ; elle dispose de motifs pour chaque personnage, et elle permet des scènes d'action plus trépidantes. Il faut dire que le storyboard se permet d'être un peu plus ambitieux. Dans les premiers épisodes on n'est pas avare en bruitages cartoons accompagnant la gestuelle des personnages, rapprochant la série des autres productions Xilam plus que de Lucky Luke, chose qui sera rapidement abandonné heureusement.

Les Nouvelles aventures de Lucky Luke se veut donc être une suite aux BDs, la preuve étant qu'on y revoit des personnages de la Bande Dessinée comme Calamity Jane ou Billy the Kid après qu'ils aient rencontré Lucky Luke, ça et quelques petites références qui traînent ça et là comme le coup de Rantanplan et du susucre, ou le cowboy évoquant son passage dans la 20ème de cavalerie. Toutes les histoires sont inédites, mais il arrive parfois que les scripts s'inspirent et reprennent des idées déjà utilisés dans la BD. Mais le traitement est différent, plus recentré et adapté au format animé. Ces nouvelles aventures sont en général réussies, remplies de bons dialogues, et surtout de situations improbables qui partent dans l'absurde le plus complet, écrit en général avec suffisamment de soin pour qu'on sache que le terreau était fertile à ce genre de délires. Quand les scripts se mettent sur ce ton, on trouve les meilleurs épisodes. La série peut donc utiliser Lucky Luke comme l'homme raisonnable et rationnel qui rencontre des situations foncièrement absurdes. La situation typique, c'est Luke qui prend le soin de devoir apaiser un conflit entre deux clans opposées dans une ville. Il lui arrive assez souvent de n'être qu'observateur de ce genre de situation, puisqu'elle est déjà très drôle comme ça, et parfois son rôle consiste a simplement empêcher qu'il y ait trop de blessés.

D'autres épisodes ne sont pas en reste et construisent un univers parfois incongru, l'occasion de mettre en scène des tribus indiennes aux caractéristiques aussi improbable que leurs noms tels les Têtes-retournées. Les indiens sont traités différemment selon les tribus, soit ils sont un peu idiots c'est à dire pas plus que les autres citoyens américains, soit ce sont des populations qui essayent de garder le droit sur leur territoire à raison. Il faut noter que la magie semble exister dans cette version, la danse de la pluie marche véritablement quand le sorcier a l’amabilité de ne pas l'oublier ; on a même des fantômes aussi visiblement ce qui là atteint une certaine limite à l'univers du Cow-boy qui n'a pourtant jamais mélangé les genres avec le fantastique jusqu'à maintenant.

Le colt du cow-boy crache plus souvent les flammes, et pour cause : son surnom d'homme qui tire plus vite que son ombre, on l'a vraiment pris au mot, il est d'une rapidité incroyable qui le rend quasi-invincible le revolver en main, et on ne se prive pas de montrer ses talents là où il s'en servait de manière plus sporadique auparavant, avec beaucoup moins d'exagération. Le héros en lui même, basé officieusement à Nothing Gulch, n'est cependant pas caricatural. Une caractéristique qu'on a bien respecté c'est sa tendance à s'agacer lorsqu'il est confronté à la stupidité alentours, et on le voit sans problème donner des coups de poings gratuits envers les types qui ont vraiment étés trop cons, qu'ils soient criminels ou présidents. La série américaine le lissait totalement, celle de 91 suivant la bande dessinée presque à la ligne le personnage est de toute façon respecté, ce Lucky Luke là peut se résoudre à abandonner une situation à son sort. La seule fois où ça lui arrive c'est dans l'un des derniers épisodes où il est de toute façon remercié et ses conseils avisés royalement ignorés. Il arrive également qu'on mette en valeur ses interactions avec Jolly Jumper à tel point qu'ils ressemblent un peu à un faux couple, lequel montre de manière sporadique à quel point il est un allié précieux comme toujours, mais sans surprise le cheval va surtout commenter l'action. Plus que dans la série d'IDDH, peut-être autant ou moins que dans la série américaine, et avec des répliques bien moins rébarbatives.

On ne s'empêche pas de tomber dans des références gratuites cependant, et parfois c'est même lourdingue comme cette référence à Psychose qu'on trouve dans l'épisode "Le Gang des loupiots". En proportion ça reste assez faible, mais tous les épisodes ne se valent pas, bien évidemment.

Les épisodes des Daltons peuvent se révéler les plus inégaux, parfois de très bons morceaux et parfois des qui sont moins drôles que prévus, c'est que la recette a tellement été utilisée que c'est un peu difficile de la renouveler. J'ai compté, il y en a 21 au total ce qui fait une proportion d'environ 40% d'épisodes. Effectivement, la série de Xilam n'a pas lésiné sur le quatuor rayée, donc ils tentent constamment de renouveler les situations en les faisant collaborer avec des avocats véreux ou en leur refilant un beau-père.

Au bout de 32 épisodes, la série subit une petite réduction d'équipe, Olivier Jean-Marie qui est crédité à la réalisation jusque là est remplacé par Jean-Charles Finck qui officiait comme storyboarder, et le duo à la direction d'écriture Jean-Luc Fromental et Jean-François Henry perd Fromental. C'est un peu étrange, soit ça s'est fait par économie, soit une partie de l'équipe devait préparer une des série suivantes de Xilam, ou quelque chose comme ça. Cependant je n'ai pas détecté une baisse de qualité générale.

Bon honnêtement que la série de Xilam soit celle qui ait mes faveurs a bien à voir avec le fait qu'elle passait à la télé quand j'étais jeune, et qu'elle est vite devenue mon Lucky Luke de référence. Mais je me souviens avoir regardé plus souvent les séries précédentes, c'était tout ce qu'il était possible d'emprunter en médiathèque, et c'était ce que Gulli voulait bien diffuser le mercredi soir dans son programme destiné aux séries des années 80. Je ne pense pas que ma position soit seulement constituée sur le simple postulat générationnel par contre. Après me les être fait toutes les trois j'estime que oui, la meilleure série Lucky Luke c'est bien celle-ci.