Dis, Warelan, tu veux faire quoi cette nuit ? — La même chose que chaque nuit, Regan...
...Tenter de détruire la cathédrale !
Critique basée uniquement sur la série.
Mini-série historique aux diverses intrigues prenantes et plutôt bien construites, le suspense est au rendez-vous. Elle peint une galerie de personnages auxquels l'on s'attache rapidement et il est agréable de les voir évoluer au cours de ce demi-siècle. Le casting est impeccable : Ian McShane toujours aussi terrifiant mais probe dans sa foi, David Oakes dont le physique délicat sert les contradictions de Williams, Tony Curran qui après le Van Gogh torturé de Dr Who nous offre un Stephen bordeline. Néanmoins la série est aussi saturée de nombreux défauts qui viennent ternir ce tableau.
L'histoire, en premier lieu, est manichéenne au possible. Les méchants sont très méchants - ils ont même des cicatrices, sont violents et incestueux - et cachent toujours un plan tordu dans leur manche pour empêcher les pauvres gentils de construire leur cathédrale. Quand ces derniers deviennent (un peu) méchants, c'est toujours pour de nobles raisons et on leur pardonne aisément. L'on trouve par ailleurs un peu trop d'heureuses coïncidences, de rencontres fortuites sur un sentier ou dans le port de Cherbourg, de deus ex machina, comme clés de voutes branlantes de l'histoire. Au final, l'ensemble demeure malgré tout extrêmement prévisible.
Les intrigues parallèles jouent aussi parfois la corde trop facile de l'émotion surlignée par la musique omniprésente et des couchers de soleils en matte-painting violacés.
Par dessus tout, la cathédrale, centre de gravité de la série, est délaissée. En particulier, la vie du chantier, les corps de métier, les techniques de construction et les innovations architectoniques de l'époque (qui sont sans doute expliquées en long, en large et en travers dans les livres) ne sont que trop rapidement abordés. On retiendra toutefois la jouissive visite à Saint-Denis et l'apparition rapide de l'Abbé Suger, inventeur du style gothique qui voulait faire entrer la lumière dans la cathédrale comme porte vers l'illumination.
Développer plus en avant ce pan historique sans tomber dans un didactisme forcé aurait été sans doute tout aussi passionnant que les moult complots auliques qui finissent quelque peu par tanner le téléspectacteur.
Pillars of the Earth est une série certes plaisante à suivre mais qui est pourtant loin de tenir toutes ses promesses.