Au regard de la qualité et du succès de l'adaptation des Piliers De La Terre, il était difficile pour Ken Follett de refuser de voir la naissance d'Un Monde Sans fin sur le petit écran. Il a donc accepté et il a eu raison, une nouvelle fois la qualité est présente, fidèle au roman malgré quelques écarts sans doute nécessaires pour assurer le spectacle, les frères Scott sont à la production et ont apportés leurs dollars et leur savoir-faire pour les scènes d'actions.

Ken Follett lui, est au scénario et cela se sent car, même s'il n'a probablement pas eu une liberté totale d'écriture, il réussi à préserver l'essentiel à savoir l'esprit de son histoire et son côté terriblement addictif. De la même manière qu'on enchaine les pages du roman (pourtant volumineux), on enchaine les épisodes de la mini-série. Le fait de pourtant connaitre l'histoire n'y change absolument rien. Tout ce qui faisait le côté captivant du roman est ici préservé, les acteurs rendent à merveille les fortes personnalités des personnages. Les frères Scott ont su aligner les moyens suffisants pour rendre crédible cette reconstitution de l'Angleterre aux portes de la Renaissance, costumes, armement et architecture, tout semble fidèle à cette époque. On leur pardonnera sans mal les quelques accessoires qui, à certains moments, apparaissent un peu trop factices.

L'esprit donc du roman est préservé, prend pour ainsi dire corps sous nos yeux tout ce qui faisait le sel du livre, le rendu est une vraie réussite. Ce sel, c'est cette dissection presque malsaine des aspects les plus noirs de l'âme humaine, photographiés à travers le filtre de la religion élevée en dictature. L'histoire de Follett y est, à la base, pour beaucoup, mais elle trouve ici à son service des acteurs fantastiques pour incarner le mal absolu et tout ce que l'humanité peu comporter des plus monstrueux.

Là où Les Piliers De La Terre avaient révélé un incroyable et malfaisant Ian McShane en Waleran, Un Monde Sans Fin nous fait sa livraison d'infâmes, de vicieux, de fourbes, de traitres, de vaniteux bref, de méchants mémorables. Aure Atika, enrôlée surtout pour son accent bien de chez nous, laisse sur sa faim tant on sent que son potentiel de reine manipulatrice est sous exploité. Cynthia Nixon est déjà un cran au-dessus, absolument délicieuse quand elle répand tout son fiel autour d'elle, armée d'un sourire ineffaçable et cannibal. Mais la véritable révélation est sans conteste Rupert Evans dans le rôle de Godwyn, sans vouloir lui faire injure il a une incroyable tête de fouine immonde, ambitieuse, dangereuse, cumulant à elle seule tous les péchés de la création, l'envie, le désir, la gourmandise, l'orgueil ou encore la colère. Le personnage en devient écoeurant, nauséabond, repoussant sans cesse les limites du glauque et de la révulsion. Ce qui donnait déjà la nausée dans le livre devient ici à vomir tant on va loin dans l'horreur inqualifiable, toute morale disparait au profit des intérêts personnels de quelques-uns bref, on se régale ! Les bons ? Ils sont bons mais infiniment moins intéressants. Charlotte Riley et Sarah Gadon sont belles, Tom Weston-Jones et Ben Chaplin sont beaux.

Seul bémol pour cette série, on regrettera, en plus des quelques retouches apportées par le scénario, le fait que certaines vraies coupes sombres ont été faites dans l'histoire originale, cela se ressent particulièrement sur les quatre derniers épisodes, à croire que l'équipe à dû se rendre compte que, partis comme ils l'étaient, cette série se finirait en une vingtaine d'épisodes plutôt qu'en huit. Mais peu importe finalement, cette série emporte l'adhésion, elle captive, elle est crédible et nous apporte notre dose de bêtise humaine nécessaire à la bonne tenue morale de notre civilisation (un peu d'ironie joyeuse n'a jamais fait de mal...).
Jambalaya
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le 1 févr. 2013

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Jambalaya

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