Quand la vie de famille est un plat qui mijote lentement... dans une casserole de traditions

Les Shtisel : Une famille à Jérusalem, c’est un peu comme si tu ouvrais une porte dérobée dans une rue tranquille de Jérusalem et que tu tombais sur une fresque familiale à la fois douce et complexe, avec un parfum de ragoût de traditions qui te fait saliver de curiosité. Ici, pas de grands rebondissements ou de drames explosifs à la Game of Thrones, mais une immersion dans le quotidien d'une famille ultra-orthodoxe, avec ses conflits intérieurs, ses non-dits, et son attachement profond à des traditions parfois étouffantes. Prépare-toi à vivre un feuilleton où la moindre dispute sur un morceau de kugel peut devenir une affaire existentielle.


L’histoire suit la famille Shtisel, menée par le patriarche Shulem, un homme aussi attachant que rigide, qui semble vouloir à tout prix maintenir sa famille sur le droit chemin de la religion, mais qui se retrouve constamment confronté à ses propres faiblesses humaines. Shulem, c’est un peu l’incarnation du père traditionnel, mais avec une touche de tendresse et d’humour qui te fait fondre, même quand il essaie de forcer ses enfants à respecter des règles auxquelles il ne croit plus totalement. Avec ses airs sévères et ses phrases tranchantes, il te ferait presque oublier qu’il a un grand cœur qui bat sous sa veste noire et ses tsitsit.


Le vrai joyau de la série, c’est Akiva, le fils rêveur et artiste, qui semble être né dans la mauvaise époque et surtout dans la mauvaise famille. Akiva, c’est un peu l’outsider du clan Shtisel. Il peint des tableaux quand il devrait étudier la Torah, et il tombe amoureux quand il devrait respecter les choix familiaux. Un dilemme constant entre son besoin d’indépendance artistique et les attentes religieuses. Son personnage est un rappel que, peu importe à quel point les traditions peuvent te lier, il y a toujours une petite voix en toi qui rêve de liberté et d’expression personnelle.


La série brille par sa capacité à capturer les moments les plus intimes et les plus humains dans un cadre très rigide. La famille Shtisel vit dans un monde ultra-orthodoxe où chaque décision semble être passée au crible de la tradition, mais ce sont les dilemmes humains qui émergent au premier plan. Chaque personnage, qu’il s’agisse de Giti, la fille aînée qui tente de sauver les apparences alors que son mari l’a abandonnée, ou de Ruchami, sa fille qui aspire à plus de liberté, est confronté à cette tension entre la modernité et le poids de la communauté.


Visuellement, Les Shtisel est une ode à la simplicité. Pas de grands effets visuels, pas de paysages épiques, juste les rues étroites et les appartements modestes de Jérusalem, filmés avec une douceur qui te donne l’impression d’être là, dans ce salon un peu vieillot, à partager un thé avec la famille. C’est cette proximité qui fait la force de la série. Tu n’as pas besoin d’être ultra-religieux pour comprendre les enjeux, car au fond, Les Shtisel parle de famille, d’amour, de rêves brisés et de compromis, des thèmes aussi universels que le pain qu’on tranche chaque matin.


La série prend son temps, mais c’est précisément ce rythme lent qui te permet de t’immerger totalement dans l’univers des Shtisel. On n’est pas ici pour résoudre des mystères ou pour exploser des intrigues à chaque épisode. Non, chaque interaction est un morceau de vie, une petite touche de réalisme qui fait monter la tension de manière subtile. Un simple regard entre Akiva et son père peut en dire plus que dix pages de dialogues. Chaque silence est chargé de signification, et c’est dans ces moments suspendus que la série excelle.


Les relations familiales sont au cœur de la série, et c’est ce qui rend Les Shtisel si profondément émouvant. La tension entre l’ancien et le nouveau, entre ce que les parents veulent pour leurs enfants et ce que les enfants veulent pour eux-mêmes, est palpable à chaque scène. Mais contrairement à beaucoup de séries qui exploitent les conflits familiaux de manière explosive, Les Shtisel choisit la voie de l’introspection. Ce n’est pas une série qui hurle, c’est une série qui chuchote, mais ses chuchotements résonnent longtemps après que l’épisode est terminé.


Cependant, il faut admettre que pour certains, le rythme peut être un peu trop contemplatif. Si tu es du genre à aimer les intrigues rapides et les rebondissements à couper le souffle, Les Shtisel pourrait te sembler un peu lent. Mais c’est justement cette lenteur qui te permet de t’attacher à chaque personnage, de comprendre leurs dilemmes internes et de t'immerger dans cet univers si particulier.


En résumé, Les Shtisel est une perle rare, une série qui explore avec finesse les conflits entre tradition et modernité, entre devoir familial et désir personnel. C’est un tableau intime d’une famille qui, malgré ses différences culturelles et religieuses, te rappelle que les émotions humaines sont universelles. Et surtout, elle te montre que même dans les vies les plus ordinaires, il y a des drames silencieux, des joies fugaces et des choix déchirants à chaque coin de rue… ou de Shabbat.

CinephageAiguise
8

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Créée

le 9 oct. 2024

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