«Pourquoi tout doit-il avoir un but? Le monde est une jungle. Et si tu veux mon conseil, Anthony, ne t'attends pas au bonheur. Tu ne l'obtiendras pas. Les gens vous laissent tomber. Et je ne nomme aucun nom, mais à la fin, vous mourez dans vos propres bras… C'est un grand rien. Qu'est-ce qui vous fait penser que vous êtes si spécial? » -Livia Soprano
Les Soprano est en quelque sorte l'analyse de tout un écosystème dans l'économie capitaliste, cette série brasse un nombre grandiose de thématiques sur la société américaine. Mais pas de la même manière que The Wire, non, Les Sopranos est une série plus subtil, aux thématiques plus existentiels et bien plus profondes. Cette série est en quelque sorte une lente décente au enfer dans un monde bien sombre.
Tony Soprano est certainement l'une des personnalité les plus intéressante qui m'ai été donné de voir. Un parfait américain modèle, un petit chef d'entreprise aux codes presque totalitaire, cette mafia tant idéalisé avec des film comme Le Parrain. Une époque qui manque à Tony, il doit constamment faire face au fait que la vie est beaucoup plus compliquée qu'il ne le souhaiterait. Il interprète néanmoins cette complication comme un signe de la décadence des «anciennes valeurs».
Ces anciennes valeurs qui cachent la seul chose qui compte aux USA, l'argent. Toute cette petite société basée sur le mensonge et la tromperie. Les uns se disent qu'il y en a qui tue et détruisent des vie en toute légalité, pour eux, la légalité n'est affaire que de point de vue. D'autres ne veulent pas savoir d'ou vient cette argent, tant qu'il rentre au profit de ça famille, tout va bien.
En parlant de famille, que dire de ce système patriarcal, machiste, raciste, homophobe, vulgaire, inculte, violent, immoral, celui ci qui entretient le mythe d'une masculinité bestial et d'un honneur déjanté. On vous tuera si vous êtes pas conforme aux règles, pas celle du mythe de la mafia mais bien celle du boss égocentrique. Même si le mythe de la mafia joue un rôle dans l'organisation, il y a toujours d'autre intérêt dans la balance, et bien souvent, c'est celui du fric. Et je peux vous dire qu'ils ont un talent pour mettre en place des stratagèmes lucratifs
Cette argent même qui entretient la possibilité du rêve américain, celui d'une liberté et d'une jouissance sans entrave. Oh qu'il est beau ce mirage dont la satire est tant faite mais ici, elle plus belle que chez les autres. La mythologie de la Cosa Nostra est bien loin quand on regarde dans le prisme de David Chase. Ce prisme artistique qui renouvelle autant le genre de la télévision que celui de la mafia. Et le premier point qui est flagrant par rapport aux autres, c'est ce réalisme inconditionnel.
Ce réalisme qui nous plonge dans des visites familiales américaines typiques: pêcher, manger, boire, tirer avec des armes, commérages, mauvais karaoké, et bien sûr, des frustrations qui se transforment en critiques passives-agressives. Des réunions de famille comme celle-ci ont lieu chaque jour dans toute l'Amérique. On voit aussi des anniversaires, des Noel, certain au bord d'un barbecue, d'autre dans des maisons bien chic. On mélange style de beauf et grande vie sur notre écran. Tout ceci est imprégné d'un réalisme sans aucune mesure, on est loin des intrigues débiles de télé-réalité, non, on se reconnait bien dans ces histoires de famille tortueuse.
Ces histoires entre personnages qui créent des liens à la fois complexe et riche en symbolique et en interprétation mais aussi si simple et compréhensible. Les Soprano fournissent une véritable galerie de personnage très intéressant dont certain disparaissent et d'autre monte au sommet de l’écosystème. Ces disparition me ferons toujours pensé à ceux qu'on fait disparaître par le biais d'une police politique. Toute cette vie de mensonge et d'apparat pour éviter de se souvenir que toute cette vie est possible grâce au sang et au malheur d'autrui.
Et se dire que pourtant, toute cette vie se résume à la drogue, l'alcool, les armes à feu, les prostitués, la bouffe et la famille. Tout ces sacrifices pour permettrent une vie de vide, de contradiction démesuré et pour se passer de l'ennui de la vie réel. Car l'autre thème le plus visible, c'est bien la régularité de la vie. Et c'est bien elle qui est montrée, les Soprano n'essaient pas d'être plus grands que nature, ils essaient d' être fidèles à la vie. Nous voyons autant des escroqueries de quelque millions de dollar que du raquet de petit épicier du quartier mais la plupart du temps, nous verrons la famille et non la mafia.
En parlant de drogue, Chris Moltisanti, le neveu de Tony, est un personnage qui exprime à lui même tout une problématique. La drogue est en effet une évasion de quelque chose qui lui ronge son âme. Il a longtemps été mécontent de la «putain de régularité de la vie» et sa situation actuelle avec une femme et un enfant et ses responsabilités domestiques n'est pas exactement un élément d'excitation continue. il y a aussi des millions de personnes qui se tournent vers la drogue parce qu'ils essaient de masquer un traumatisme douloureux ou parce qu'ils sont aux prises avec des problèmes existentiels profonds comme échapper à la condition d'humain (se transcender en quelque sorte), ou simplement parce que c'est une chose agréable à faire, peut être est ce ça? La piste à tout une thèse est certainement ouverte...
Toute les thématiques que montrent Chase peuvent être développé de cette manière, par exemple, le lien métaphorique entre les ordures et la nourriture, peut souligner la tendance de notre culture à surconsommer et à gaspiller les diverses ressources disponibles à nous. Tony, comme on le verra à la fin, n'a aucune conscience écologique, ils se contrefichent de notre planète, n'hésitant pas à tuer à la tache des hommes pour du fric. Tant qu'il y a du fric tout roule...
Plus on avance dans la série et plus on voit que Tony est un déchet humain, il ne veut pas changer. Au début, on peux se dire que sa situation familiale et sociale l'avait poussé à un tel mode de vie. Mais plus on avance, plus on entends ces fausses promesses (comme celui d’arrêter de tromper ca femme), ces mensonges (comme quand il doit expliquer certaine disparition), il ne se remet jamais en cause. Si vous aviez dit qu'il y a quelque chose de rachetable en lui ou de justifiable dans son style de vie, vous auriez dû reconnaître votre erreur vers la fin de la série. L'exemple de Tony sur la façon de vivre le rêve américain et d'atteindre le confort, la richesse et le bonheur n'est que pur horreur.
Dans cette série, on voit un viol, une tentative de suicide par ici, des meurtres et des tortures par la. Mais on voit aussi une autre dimension, celui du rêve. On remarque leur complexité, qu'elle soit en terme de référence ou philosophique (principalement ceux de la saison 6). Ces rêves avec les séances de psychanalyse permettent la naissance d'un niveau de lecture supplémentaire. Entre nihilisme passif et nihilisme actif, entre dualisme chrétiens, existentialisme et philosophie asiatique. Tout un panel d'interprétation s'offrira à vous. Tout ceci se mêlera à la dénonciation du consumérisme, de la montée du corporatisme et de l'érosion des protections constitutionnelles, c'est l'époque de l'administration Bush et de la peur du terrorisme.
Lui donnerai je le titre de meilleur série du monde, je vous dirai non mais plutôt pour la raison que je trouve ce nom trop enfantin pour décrire un tel monument. Cette série a posé les prémisses de la série moderne mais elle a avant tout fourni à ce format une dimension artistique et plusieurs niveau de lecture. Je vais conclure en disant que cette série est exigeante, lancez vous sans envie de grandeur, prenez ça comme une histoire de famille. Elle renouvelle le genre de la mafia pour l'emmener à de nouveau sommet. Oui, c'est une éloge, peut être qu'on peux lui reprocher certain arc comme celui de Vito même si je lui trouve la qualité de renouveler le genre. On encore certain épisode qui traîne en longueur, mais cela ne m’empêchera pas de lui mettre la note maximal.