RIP James Gandolfini

Les Soprano est un pur bijou, un diamant aux multiples facettes ! C'est une série sur la mafia certes, mais qui va bien au-delà du genre série de gangsters. C'est un concentré de vie qui traite de tellement de sujets de société, de conflits et de drames humains. C'est un chef d'œuvre absolu d’écriture, de mise en scène, de jeu d'acteurs et d'arcs de personnages. Dans les Soprano et au sein d'un même épisode, on réfléchit, on rit, on pleur et on est horrifié aussi (il y a tellement de scènes terribles). Et puis, ça parle bouffe et ça montre de la bouffe tout le temps. C'est la meilleure série qui met en valeur la cuisine italienne. On a vraiment envie de manger italien tout le temps !

James Gandolfini (aka Tony Soprano) est juste hallucinant. Tony est un personnage très complexe, fragile, sans pitié, super flippant, parfois looser et qui a des crises de panique. J'adore son côté gamin avec les canards et ensuite il va dégommer son chauffeur gratuitement, juste pour assoir de nouveau son autorité. James Gandolfini est parvenu à rendre sympathique un mafieux brutal et dangereux, un salopard indéfendable. Il est raciste, misogyne, homophobe et il tue de sang froid. Et pourtant, ce bonhomme est pétri de failles et d'émotions qu'il n'arrive pas à exprimer. On souffre avec lui, quand il est au fond du trou, quand il n'en peut plus, quand il s'effondre en larmes ... tel un gros bébé. Le jeu de James Gandolfini est tellement vrai, qu'on se croirait dans un documentaire sur la mafia new-yorkaise. D'ailleurs, les mafiosos adorent cette série.

Mis à part Tony, mes personnages préférés sont sans conteste Paulie (Tony Sirico) qui a vraiment fait parti du milieu mafieux et surtout Christopher Moltissanti (Michael Imperioli) qui est complètement imprévisible. Le jeux des acteurs, de tous les acteurs, est juste incroyable. Il y a énormément de personnages secondaires qui possèdent leur propre arc narratif. Et tous les personnages de la série sont importants, pas un seul est laissé sur le bas côté, chacun aura son moment de gloire à un moment donné. C'est une série tellement dense, tellement profonde.

Et puis comment parler des Sopranos sans mentionner l'influence des Affranchis de Martin Scorsese. Dans les Affranchis, on y retrouve Christopher qui se fait butter par Joe Pesci, Paulie qui joue un membre des gangsters, la psychologue (Lorraine Bracco) qui joue la femme de Ray liotta, la mère de Carmela (Suzanne Shepherd) qui y joue la mère Lorraine Bracco, ou encore Phil Leotardo (Frank Vincent) qui lui aussi se fait dessouder par Joe Pesci.

Le seul défaut de la série, c'est qu'elle se finit trop vite. A la fin des six saisons, on ressent une profonde tristesse, comme avant de quitter définitivement un monde dans lequel on a tellement aimé vivre. D'ailleurs, rares sont les séries qui réussissent aussi bien leur sortie (de l’art de réussir sa sortie). La scène finale dans le restaurant, de près de cinq minutes, qui se joue sur la musique de Journey (Don't Stop Believin'), c'est juste magistral. J'envie énormément ceux qui n'ont pas encore eu la chance de voir et vivre cette série d'exception ! Il y a tellement peu de séries aussi puissantes (The Wire, Oz, Breaking Bad, Twin Peaks, GOT et peut-être quelques autres ...). Bref, cette série possède l’épaisseur et la légèreté, la gravité et la joie de la vie elle-même. Pour moi, elle reste encore à ce jour l'une des plus grandes séries de tout les temps !