Made in Napoli NJ

Quel dernier épisode de malade !!! Il en aura fait couler de l'encre celui là, que de polémiques. Mais je pense que beaucoup font erreur en cherchant à intellectualiser cette fin. Je préfère la comparer à un dernier tour de montagne russe que David Chase nous offre, un moyen de nous foutre les mains moites, de nous faire remonter l'estomac dans les amygdales, puis de nous faire retomber sur notre cul, sans réellement savoir ce qui nous avait poussé à monter dans le manège. Tout ça uniquement en faisant rentrer à intervalle régulier des mecs dans un restaurant.

Soyons sérieux cinq minutes, s'ils avaient voulu faire mourir Tony, ils auraient pu en faire une des plus grandes scènes de l'histoire des séries, de part le talent de la mise en scène mais aussi de par la construction même de l'épisode (la mort de Bobby et l'assaut sur Silvio un peu vite torchés qui auraient pu laisser de la place pour l'exécution et le pathos).

Ce qui va suivre est une analyse personnelle, mais les mecs, vous n'avez pas l'impression que pendant 7 saisons nous avons vu la famille Soprano manger un nombre incalculable de fois ? A la maison, che Arti au Vesuvio, au Bada Bing, chez Satriale ... Et cette dernière scène, personnellement j'ai l'impression que c'est la première fois qu'on les vois manger : dans un restaurant Américain ... gros paradoxe.

Non mais Journey "don't stop believing" dans ce dernier épisode, on me l'aurait dit que je ne l'aurai pas cru. Pas de Dean Martin, pas de chanson napolitaine, juste un morceau américain tellement populaire et universel qu'il pourrait remplacer l'hymne américain lui même.

Meadow qui dans ce dernier épisode (ou peut être bien l'avant dernier) demande à un autre personnage de traduire car elle ne "parle pas l'italien".

Ce speech de Tony sur les "onion rings", on ne parle pas de Pizza ou de Canolli ... mais d'onion rings.

Encore Meadow qui n'arrive pas à se garer en créneau ... comme 99 % des Américains.

Anthony JR qui s'en bat les flancs de tout depuis 7 saisons mais qui veut partir en Afghanistan pour combattre sous la bannière étoilée.

Cette dernière scène, encore une fois ce n'est que mon point de vu, c'est l'intégration des Sopranos (qui se revendiquent depuis le 1er épisode comme une minorité) dans le système américain. La volonté de mettre un peu de coté ces racines italiennes qui au final sont surtout un prétexte au crime (cette scène mythique où le junkie des pays de l'est qui doit systématiquement aller chercher les portes flingues Napolitains à l'aéroport parle mieux italien que toute la famille Soprano réunie ! ).

Là où certain voient des "tueurs potentiels" rentrer dans le restaurant, moi je vois défiler toutes les minorités ethniques du continent ... le restaurant devenant une sorte de melting pot réuni autour de l'onion ring unique.

Et puis surtout il ne faut pas oublier une chose, scénaristiquement dans ce dernier épisode, il n'y plus personne d'assez puissant pour ordonner la liquidation de Tony. Par contre, on sait (par le FBI) qu'il a été balancé et va devoir comparaître ... donc rendre des comptes à l'Amérique toute entière, au moment même ou sa fille décide de devenir avocat.

Une des seules révélations de David Chase, en interview, agacé sur les questions liés à cet épisode, dis que la fin de l'épisode renvois directement au milieu de celui-ci. Et au milieu on apprend quoi ? Simplement que Tony a été balancé.

Le titre de l'épisode "Made in USA" me conforte là dedans, les Sopranos comprennent enfin qu'ils sont un maillon des USA et non pas la minorité intouchable, (dont la nationalité d'origine est une justification à la criminalité) qu'ils pensaient être.