"Vous pensez connaître l'histoire..." nous glisse Henri VIII. Plongée dans l'Angleterre du XVIème siècle... The Tudors nous conte l'histoire de l'Histoire, celle avec un grand H.
Henri VIII Tudor est déjà bien installé sur son trône et sa tête a eu le temps de se faire à la couronne (à moins que ce ne soit le contraire). Marié à Catherine d'Aragon - sensiblement plus âgée que lui - il préfère lutiner la jeunesse aristocratique dans les coins de portes. Car la série met d'abord et surtout en avant les mariages successifs de ce tyran, grand dévoreur de femme devant l’Éternel. Elle n'oublie pas pour autant le schisme d'avec la Papauté, les réformes religieuses, les complots et autres amabilités.
La série couvrant une trentaine d'années de règne, ce serait mentir que de dire qu'elle se montre d'une infaillible exactitude. Les libertés historiques sont nombreuses - les plus grandes approximations concernant l'Eglise et la Papauté - parfois par soucis d'alléger, parfois pour allécher. Mais les grandes lignes sont là et l'histoire parvient à rejoindre l'Histoire sans trop de casse.
La jolie gueule de Jonathan Rhys Meyer fût décriée, desservie par le portrait du (vieux) roi peint par Holbein. Mais sa prestation est à la hauteur. Il nous restitue sans complaisance inutile un Henri VIII prompt à l'emportement et à l'ingratitude, égocentrique, vaniteux, influençable et paranoïaque. C'est que les têtes volent avec presque autant de facilité que les jupons !
On ne peut nier que la cour d'Angleterre est très propre sur elle. Nul chicot noirci à l'horizon, les risettes sont d'une blancheur à être sponsorisée par Colgate et l'embonpoint ne semble toucher que les figurants. Mais tout ce petit monde reste convaincant, tour à tour attachant et détestable sans jamais perdre sa dimension humaine.
Quatre saisons qui sont finalement un peu inégales. La série hésite à se lancer, s'essouffle au milieu, se reprend sur la fin. Quoique le final, sans être dénué d'intérêt, se traîne un peu et verse dans le pathos.
Les concisions et confusions n'éclipsent pas les qualités de l'ensemble. The Tudors réussi à dresser un portrait de la cour d'Henri VIII - plus que de l'Angleterre elle-même - qui ne manque pas de vérité.
Délicat pari, que de se glisser dans les blancs des livres d'Histoire sans déborder et faire des pâtés sur les belles lignes du Savoir...