A première vue, Little Witch Academia avait tout de la copie nipponne pour filles d’Harry Potter. Un produit de niche sans âme.
Sauf que dans le générique apparaît Trigger, qui est à l’origine de l’indescriptible et jouissif Kill La Kill. De quoi charmer ma curiosité.
Avant d’enfourcher le balai, petit retour sur la genèse de la série. Car au départ, Little Witch Academia est un court-métrage (visible sur Netflix, de même que l’autre court et la série) qui a été produit par Trigger lors d'une participation à l'Anime Mirai 2013 du Young Animator Training Project, qui finance de jeunes animateurs. Les retours positifs encouragent Trigger à réaliser nouvel épisode intitulé Little Witch Academia: The Enchanted Parade. Le studio a les moyens pour financer une trentaine de minutes. Une campagne Kickstater permet d’ajouter 20 minutes de production.
Retour à la série. Bien entendu, les ressemblances sont fortes avec le sorcier de J.K. Rowling. En tout cas sur le postulat de départ. Le résumé de SC est assez édifiant en ce sens : « Nous suivons les aventures de Kagari Atsuko (Akko), Suci et Lotte, trois apprenties sorcières gaffeuses qui font leurs armes à l’Académie de Magie. » Forcément, un trio d’amis et une vieille école de magie, à qui pense-t-on ? Mais la série sait rapidement se distinguer du modèle anglais.
Tout d'abord par son héroïne, Akko, qui n'a que pour seule qualité d'être une rêveuse obstinée. Elle n'a pas de talent particuliers, elle est mauvaise élève, ne sait pas voler en balais mais elle n'abandonne jamais. Le rêve est d’ailleurs le véritable enjeu de l’anime, celui que l’on suit comme celui que l’on abandonne.
Cette absence de talent permet de développer les personnages secondaires, une qualité récurrente des animes japonaises (que j’avais précédemment apprécié dans Assassination classroom, cf critique). J'ai un gros coup de cœur pour le cynisme de Suci et le mutisme de Constanze. Je regrette d'ailleurs que Lotte et Suci s'effacent au fur et à mesure de la saison 2.
L'autre différence se situe dans l'univers de Little witch academia. Ici, la magie côtoie le reste du monde. Et là réside tout l'intérêt. La magie est déclinante et ressemble à une tradition désuète qu'une minorité essaie de préserver. La magie se voit vite éclipsée par le miracle de la modernité, notamment d'Internet. Tout le sel de la série réside dans cette cohabitation, que syncrétise la relation entre Akko et Andrew.
Si le graphisme est de la qualité, la réalisation s'illustre surtout par le sens du rythme, et surtout des accélérations, parfaitement maîtrisé par Trigger. Ajoutez à cela des situations récurrentes dans l'anime japonaise mais inattendues dans un univers magique d'apparence enfantine : des mecchas, des monstres disproportionnés et même des sabres lasers (WTF ?)
Au final, malgré des apparences de déjà-vu, Little witch academia a un caractère unique, sympathique, rafraîchissant et plus profond qu'il n'y paraît.
Et je dois confesser que, comme Akko, j’attendais avec impatience les apparitions de Shiny Chariot. Je n’ai pas été insensible à son charme.