Que de chemins parcouru pour Little Witch Academia ! Né de l'imaginaire de l'animateur Yoh Yoshinari au sein du studio Trigger, on aurait pas cru revoir autant cette licence depuis sa première apparition en 2013. Après deux OAVs ayant rencontré un franc succès critique notamment en Occident, c'est le distributeur Netflix qui va faire confiance à cette licence au grand potentiel commercial et artistique. Fini le format court ! Akko et ses amies ont à présent le droit à 25 épisodes rien qu'à elles pour raconter leurs aventures à l'école de magie Luna Nova ! Réjouissant, mais en attendais-je trop ?
Qu'on se le dise, Little Witch Academia est blindé de qualités mais aussi de défauts. C'est une série qui nous émerveille autant qu'elle peut être frustrante. On peut enchaîner épisodes géniaux, des moments de grâce où les animateurs font preuve d'une créativité et d'un savoir-faire admirable pour avoir ensuite des épisodes très moyens voir oubliables. Par là, la série accuse de problèmes de rythme et d'écriture frustrants.
L'histoire soulève de nombreux éléments très intéressants sans les exploiter complètement. Ainsi, bien que chaque personnage secondaire a au moins un épisode qui lui est dédié, la plupart d'entre eux seront vite délaissés par la suite, l'histoire préférant s'attarder sur le personnage principal, Akko. D'ailleurs, Akko, parlons-en. Autant elle peut être adorable, voir touchante dans sa façon de persévérer dans son travail sans relâche pour devenir une grande sorcière, autant elle peut devenir insupportable à gueuler et râler sans cesse. Elle ne prend parfois même pas compte des leçons qu'elle prend dans la série et bien entendu, ça fini par lui retomber dessus.
On peut continuer à citer des défauts. Le fil rouge de l'histoire est finalement cousu de fil blanc. Non seulement la quête des mots n'est pas très passionnante et a du mal à nous investir car on ne sait pas en quoi elle est importante mais en plus
sa résolution est décevante. Qu'est-ce que la découverte des mots a apportée au final ? Ok, Akko a découvert le monde de la reconstruction de la magie, et après ? Cela est finalement délaissé et la série ne reviendra plus dessus par la suite.
L'antagoniste de l'histoire est plutôt cool mais n'en impose pas assez pour être vraiment mémorable. D'ailleurs, encore un coup de gueule à propos de la fin :
Pourquoi dans une série avec des petites sorcières dans une école de magie, on a pour boss de fin un missile ? Qui en plus apparait de manière forcée en mode "On a besoin d'un boss de fin là les gars !" ? Non seulement ça ne nous implique pas beaucoup mais c'est aussi hors contexte. Dans une série avec des sorcières dans un Poudlard boosté à l'énergie spirale, je veux bien que l'ennemi à abattre soit un sorcier maléfique, un dragon, un démon ou je ne sais quoi... mais pas un missile.
Je pourrais continuer longtemps à dire ce qui ne va pas dans cette série, pourtant j'en pense beaucoup de bien. Car s'il y a bien une chose que l'on ne peut lui retirer, c'est bien qu'elle est faite avec le cœur ! On sent tout l'amour et le soin qu'a apporté Yoh Yoshinari et son équipe à la série. Je vous parlais de moments de grâce un peu plus haut, hé bien ces moments-là, quels moments ! J'ai du mal à en parler sans spoiler mais la série possède quelques épisodes vraiment déments où les mecs se sont éclatés comme jamais ! Rien que pour l'épisode 08, peut-être le meilleur épisode en mon sens, la série vaut le coup. Puis on passe par beaucoup d'émotions. De l'excitation devant des scènes d'action jubilatoire, mais aussi de la franche rigolade, de l'émerveillement, de la peine, de la joie et des instants vraiment touchants qui ont réussi à faire vibrer ma corde sensible. La série n'est jamais ennuyeuse et on passe un très bon moment dans l'ensemble.
Je vous ai même pas encore parlé de la technique ou de la direction artistique. D'un grand animateur et illustrateur comme Yoh Yoshinari, il est évident que la qualité visuelle suit. Le style artistique rondouillard et mignon comme tout accompagne des couleurs qui pètent toujours bien choisies et des visages très expressifs. Ajoutez à cela une animation au poil avec quelques moments qui éclatent bien la rétine et c'est un régal ! Bien sûr, il y a un downgrade par rapport aux OAV, mais sur l'échelle d'une série en 25 épisodes, on est dans le très haut du panier.
Little Witch Academia est une série inégale. Lorgnant autant du côté de l'excellence que de la frustration, elle se regarde quand même avec plaisir tout du long de ses 25 épisodes malgré ce goût de peut-mieux-faire qui reste en bouche. Yoh Yoshinari a annoncé qu'il aimerait davantage creuser son univers et ré-embarquerait bien pour d'autres productions autour de la licence. Si cela est vrai, je m'en réjouirais car j'ai énormément de sympathie pour ces créateurs et cette passion qu'ils mettent à l’œuvre. J'espère juste que la prochaine fois, ils seront à un meilleur niveau pour nous offrir quelque chose à la hauteur de leur immense talent.