Prenons un mix entre Big Lebowski et Brice de Nice qui se prendrait de passion pour une pseudo loge maçonnique, voilà le postulat de départ de Lodge 49, sympathique série AMC.
Ajoutez à cela, une réalisation soignée, une interprétation collégiale très convaincante et une bande son de goût en clôture d'épisode et vous aurez une modeste série qui n'a absolument pas fait parler d'elle mais qui aurait mérité bien plus d'échos.
Plus en tous cas que les catcheuses grimaçantes de Glow ou le tumultueux couple de You. Baignant dans un soft mysticisme à côté de The OA (mais tout mysticisme est soft à côté de The OA), la série s'attarde avec talent sur un thème très souvent exploité par les showrunners US : les perdants magnifiques. AMC a d'ailleurs fait son succès avec Breaking bad, Better call saul et Halt and catch fire... autant de personnages cabossés par des années de lose qui tentent de prendre leur revanche sur le destin.
Ici nous suivons les pérégrinations de la famille Dudley, enfin ce qu'il en reste. Dud et Liz qui surmontent avec difficulté la disparition de leur père, qui leur a légué un gros manque affectif et de nombreuses dettes. Dud se laisse aller à la mélancolie, accablé tant par la perte de son père que par une mystérieuse blessure au pied qui l'empêche de s'adonner à sa grande passion. Liz, sa charmante sœur n'est pas moins névrosée. Serveuse dans un bar des sports moyen, elle aime se complaire dans l'échec et s'interdit d'avoir de grandes ambitions par peur de tout rater une nouvelle fois. Ajoutons à ce tableau, Ernie, un senior qui vend des toilettes et qui vit une liaison contrariée avec un amour de jeunesse et on aura une belle bande de névrosés dont la seule bouffée d'oxygène est l'appartenance à un ordre maçonnique qui bat lui-même de l'aile. Bon Liz n'appartient pas à cet ordre, et on peut affirmer qu'elle n'a pas de bouffée d'oxygène du tout.
L'arrivée accidentelle de Dud dans ce qui constitue un simple club où les membres se contentent de boire des bières et d'organiser des tombolas, ne réaliserait-elle pas une forme de prophétie divine où alchimie, secrets immémoriaux et rédemption seraient mêlés ? Certains indices le laissent supposer. Peut-être le saurons-nous au terme de cette histoire dans tous les cas très agréable à suivre. A noter la présence de Bruce Campbell d'Evil Dead, dans le second rôle ébouriffant du Capitaine.
Une saison 2 est en cours de diffusion, il n'est donc pas trop tard pour que le succès prenne.