Avengers : Endgame m'avait fait douter du fait que j'allais continuer à suivre le MCU, surtout quand ils ont annoncé une foule de séries, et que je me suis dit que je n'avais pas que ça à faire. Puis WandaVision a emprunté une voie tellement différente que mon intérêt est reparti à la hausse, malgré un final très convenu. Falcon et le soldat de l'hiver était intéressante, se suivait bien, mais se prenait les pieds dans le tapis, lors de son final qui révélait toutes les maladresses d’écriture de la série. Loki est donc la première série Marvel à avoir maintenu le niveau jusqu'au bout, et putain, qu'est-ce que c'était bon !!
Déjà, retrouver le personnage le plus intéressant du MCU, c'était une bonne nouvelle, surtout qu'il est aussi incarné par son acteur le plus charismatique. Mais la série ne se repose pas uniquement sur cet acquis. Michael Waldron crée en effet un énorme univers tout autour de lui, introduisant le concept, déjà vu ailleurs mais quand même génial, du TVA et son contrôle des innombrables flux temporels.
Cette Umbrella Academy version Marvel est tout aussi séduisante que sa cousine de Netflix. On y retrouve la même folie, le même génie dans la maîtrise du concept de lignes temporelles multiples, et c’est tout-à-fait réussi. Waldron sait ce qu’il fait de bout en bout, et c’est un plaisir d’être ainsi guidé et égaré tour à tour dans les différents flux et nexus en sachant qu’il y a toujours quelqu’un pour être sûr de ne pas nous égarer définitivement.
D'épisodes en épisodes, il s'amuse ainsi comme un petit fou, et nous derrière lui, à manipuler le temps, à nous faire découvrir l’administration kafkaïenne qui en est chargée, à confirmer certaines théories du complot (les clins d’œil hilarant à D.B. Cooper et à l’USS Elridge) et à développer ses personnages.
Car oui, c’est la grande nouveauté apportée par WandaVision, et confirmée par les deux séries suivantes, désormais, Marvel a décidé de porter un soin tout particulier à l’écriture de ses personnages. Cela fait longtemps que les personnages de Marvel ont commencé à ne plus être aussi unilatéraux qu’avant, mais il aura fallu attendre le début de la phase IV pour que, vraiment, cela se manifeste très clairement.
Bien sûr, avec cette série, le dieu de la Malice est passé de manière assez claire dans le « camp des gentils » (même si l’ambiguïté subsiste de temps à autre), mais, comme Wanda Maximoff avant lui, il bénéficie enfin d’un vrai background, d’un vrai parcours pas du tout caricatural, mais consciencieusement écrit afin de lui donner une véritable personnalité. C’est vraiment ce qui frappe dans les séries du MCU par rapport aux films.
L’autre chose qui frappe, c’est la qualité cinématographique de l’ensemble, et des trois séries du MCU sorties actuellement, Loki en est clairement l’exemple le plus abouti.
Visuellement, Loki est digne de n’importe quel film Marvel, voire au-dessus de certains d’entre eux. Les effets spéciaux vont du bon à l’exceptionnel, et la mise en scène est toujours brillante, virtuose et gentiment tape-à-l’œil quand il le faut (un très beau plan-séquence sur Lamentis), mais aussi bien plus discrète quand il convient de se concentrer uniquement sur les dialogues.
Du côté du casting, c’est aussi un impressionnant sans-fautes. Tom Hiddleston n’est plus à présenter, mais son duo avec Owen Wilson puis Sophia Di Martino donne un côté buddy movie très appréciable à la série, tandis que Gugu MBatha-Raw compose une belle antagoniste, convaincue du bien-fondé de sa mission tout en commençant à en douter.
L’autre attraction phare de la série est évidemment l’introduction du grand méchant de la phase IV du MCU, Kang le Conquérant, à travers un de ses variants, le fameux Immortus. L’occasion d’introduire Jonathan Majors, dans un superbe numéro de cabotinage extrêmement maîtrisé. L’acteur éblouit par l’ambiguïté de son jeu, on a envie de le croire tout en sachant très bien qu’il ment probablement sciemment sur certains points (ou pas).
Voilà qui augure du meilleur pour la suite du MCU…
Ainsi, Loki semble condenser toutes les qualités de la nouvelle formule Marvel : des personnages qu’on prend le temps d’écrire pour les rendre attachants, des acteurs d’autant plus investis, une maîtrise du suspense accrue (le format « série » et « un épisode par semaine » est parfaitement géré), une qualité de mise en scène et d’effets visuels toujours plus recherchée, un humour amusant mais jamais envahissant et qui ne pourrit pas les enjeux dramatiques du récit.
Cette volonté de changement se remarque particulièrement dans l'épisode final, à milles lieues de ce qu'on était en droit d'attendre de la fin d'une série Marvel. Totalement anti-spectaculaire (une seule scène de combat, à peine convaincue, de 2 mn max), l'épisode se concentre exclusivement sur les dialogues, des jeux d'acteurs imparables, aidé par une mise en scène solide pour mieux faire ressortir des enjeux dramatiques qui avaient rarement été aussi palpables dans les films du MCU. Pour la première fois, le dilemme cornélien auquel sont soumis les personnages semble vraiment le nôtre, et on peut enfin se sentir impliqué à part entière dans le spectacle qui nous est proposé. On attendait cela depuis si longtemps dans le MCU !
Bref, pour son passage au petit écran, Marvel a extrêmement bien fait les choses et confirme que, malgré l’arrivée du multivers et du bordel ambiant qui pourrait en découler, jamais les choses n’ont à ce point été sous contrôle. Ça donne confiance pour la suite, mais maintenant, on attend de voir ce que ça va donner sur grand écran…
Dans le pire des cas, la saison 2 de Loki nous attendra bien au chaud pour nous proposer le meilleur de Marvel.