La première série d’animation française qui soit indéniablement un magical girl ! Et c’est évident dès les premiers épisodes, cette série est vérolée de défauts et de messages pourris. À l’appui, florilège d’horreurs toxiques et/ou antiféministes disséminées : Le titre qui sexualise des jeunes ados, leur taille d’allumette, le fait qu’elles soient nobles †, le sous-entendu qu’une femme perd sa beauté avec l’âge, qu’il est inenvisageable d’avoir les cheveux courts, la chanson « Le monde change, il faut te réveiller », le fait de traiter le sexe opposé comme un outil, on peut pas être geek sans être moche et cloîtré(e)… Liste non-exhaustive.
La série a beaucoup d’autres défauts sur la forme et le fond, mais parlons plutôt des qualités. Les conventions des magical girls sont bien respectés (on a droit à au moins une transformation par épisode) sans qu’il y ait vraiment de fan-service ‡, ce qui donne ce que j’appelle l’effet « tasse de thé » (chaud et réconfortant car familier). Les pouvoirs sont sympas et variés et donnent lieu à de vrais combats (les incantations des gentilles combinent le mot cristal avec du latin de cuisine à la Harry Potter, mais je n’ai pas compris ce que signifient les incantations des jumeaux/méchants). La backstory de Talia est super, et on a droit à trois héroïnes avec chacune son expérience de la famille. Et j’aime bien les chansons du groupe qui sont disponibles sur deezer, même si c’est pas de la grande musique (c’est même carrément nul, mais j’aime bien quand même ; de toute façon, pour regarder ce genre de dessins animés et écouter ce genre de musique, il faut un minimum de recul et d’ironie sur ses propres goûts, sans quoi on ne saurait les apprécier).
Malheureusement, la fin de la saison 2 est douce-amère : comme dans Loulou de Montmartre, la victoire des gentils est toute relative, et on aurait bien aimé voir la suite… si la série n’avait pas été définitivement abandonnée. Bah, ils feront peut-être un reboot dans 10 ans.
† Précision sur leur noblesse : Le fait qu’une magical girl soit l’Élue n’est pas en soit un problème, on la retrouve dans tout un tas de bonnes itérations du genre ainsi que dans le mono-mythe. Mais cette recette n’y fonctionne que parce que cette découverte d’appartenance à un autre monde se fait brutalement et à contre-cœur (comme Sailor Moon qui est prête à abandonner ses pouvoirs et le Crystal White pour retrouver sa tranquillité, ou Adora qui est obligée de quitter la Horde dans She-Ra) et peut être comparée à l’entrée dans l’adolescence. Dans Lolirock, ce n’est le cas qu’au premier épisode et dans le double épisode final de la saison 2, le thème du secret et d’avoir le cul entre deux chaises (celle de la Terre et celle d’Éphédia) n’est quasiment pas abordé, ou alors de façon légère et sans enjeux. Heureusement, les thèmes de l’adolescence et de la transformation sont abordés autrement, eg par Shanila qui est peut-être l’épisode le plus intéressant de la saison 1 à égalité avec Xéris.
‡ On ne voit pas nos héroïnes dénudées (à l’exception des orteils d’Iris dans sa transformation, j’imagine), et leurs jambes ne font pas 3 kilomètres sous une mini-jupe comme dans Sailor Moon. Toutefois, il y a beaucoup de références plus ou moins subtiles à la séduction voire à la sexualité (le titre Lolirock, la chanson « Tu en as envie tout comme tu respires », elles réflechissent souvent aux relations hommes-femmes ou à une prétendue diminution de la beauté avec l’âge…). Au début, je me disais que cette série a été créée par des beaufs qui ont mis ce titre pour rire, puis en écoutant la Bo et en constatant ces brèches, je suis persuadée que Jean Louis Vaudestoc est un génie du mal qui sait ce qu'il fait. Les jeunes filles qui ont regardé cette série en étant gamine s'esclafferont en la revoyant adultes.