Avis sur la Saison 1 (note : 8/10) :
[rédigé en février 2016]
Je surnote peut être un peu compte tenu du fait que scénaristiquement parlant ça ne propose pas énormément de choses mais je trouve que c’est justement ça qui fait que la série est réussie, elle mise avant tout sur la simplicité et la légèreté, les personnages sont ultra attachants (Gillian Jacobs est fabuleuse), c’est rafraîchissant et drôle avec des dialogues parfois jouissifs. Ça ressemble à une sorte d’antidépresseur prescrit pour la génération pré-trentenaire donc forcément ça me parle, les désillusions amoureuses, les actes manqués, les petits moments anodins qui comptent, Judd Apatow capte bien tout ça pour nous refiler une bouffée d’air vivifiante et ça fait grandement plaisir.
C’est également une bonne chose d’avoir tous les épisodes sous la main pour les laisser dérouler car je ne sais pas si il y aurait eu une attente particulière semaine après semaine, j’ai limite pris ça comme un téléfilm découpé en dix, peut être dépourvu de climax mais la fluidité rend le tout extrêmement efficace, je n’ai pas vu le temps passer, d’ailleurs je défie quiconque de s’ennuyer devant cette série …
Dans la continuité logique de Master of None pour Netflix.
Avis sur la Saison 2 (note 8/10) :
[rédigé en mars 2017]
Toujours aussi bon, j'aime vraiment comment Apatow joue la carte de la simplicité, c'est fun tout en étant rempli de vie, et même si ses personnages (dépeints comme de tous les jours) ne sont jamais vraiment idéalisés on s'y attache irrésistiblement, et j'ai envie de dire que c'est tout à fait normal, qui sommes-nous pour leur faire la leçon ? Je dis ça parce qu'à titre de comparaison il m'est arrivé de lire des trucs effarants sur La La Land comme quoi le perso de Gosling est "réac et cynique" donc "c'est pas bien", mais qu'est ce qu'on en a à foutre sérieusement ? Personne n'a le droit d'être "réac et cynique" ? Un format doit donc exercer une sorte de devoir d'exemplarité morale ? Ces gens là vivent dans un drôle de monde croyez-moi... Car le monde est fait de contrastes et c'est très bien de les montrer, c'est même primordial si on veut qu'une fiction soit un minimum sincère.
Après attention je ne dis pas non plus que cette série est parfaite à ce niveau là, il y a toujours des petits ressorts scénaristiques qui viennent mettre du piment de manière parfois surréaliste, mais c'est ce qui fait aussi le sel d'une comédie, ce que Love est bien évidemment. Et c'est justement cette complexité des relations, notamment l'instabilité de Mickey, qui est intéressante, de toujours constater que ce couple est constamment sur le qui-vive, que l'amour n'est pas nécessairement un fait acquis, c'est un lieu de conflit permanent.
Pour faire une autre parenthèse (plus rigolote) je regardais Hellraiser III hier et une punchline de Pinhead m'avait particulièrement plu "il n'y a ni de bien ni de mal, il n'y a que la chair" et c'est exactement là où le couple se définit réellement, chacun a ses torts, personne n'a foncièrement raison, il rend fou, mais généralement tout se règle au plumard, et c'est très vrai, on en revient toujours là, notre part d'animalité (il y a d'ailleurs une petite remarque marrante à un moment avec le chien de Dustin).
Et à côté de ça la série se permet un constat ironique sur ce qu'est Los Angeles et plus particulièrement Hollywood et l'industrie de création artistique, entre Arya la jeune actrice tiraillée entre ses parents, la production déclinante de Witchita, les podcasts radio populaires axés sur la sexualité, les projets scénaristiques de Gus foutus à la poubelle, etc, tout le contexte est également en mouvance illustrant un quotidien où il faut s'adapter ou mourir.
Toile de fond forcément angoissante pour la génération de trentenaire dont je fais parti, mais également bienveillante car justement représentative, généreuse et introspective.
Avis sur la Saison 3 (note 7/10) :
[rédigé en mars 2018]
Je dois bien avouer être un peu déçu par la fin car totalement attendue (pouvait-elle en être autrement ?), de plus j'ai trouvé que ça manquait de moments mémorables, comme lors de la saison précédente avec la course poursuite vs l'ex de Mickey ou le trip d'acide où ils s'incrustent dans une maison, presque des épisodes séquences, bien qu'on reste dans cette logique de parenthèses de vie de couple malicieusement complexes.
Comme d'habitude j'ai aimé les personnages, les situations ubuesques, la fraicheur du ton de la série et la mise en scène qui laisse lorsqu'il le faut la part belle à l'authenticité (adoré le discours de Guss devant sa famille et Mickey), et mine de rien c'est mieux que la série s'arrête maintenant au risque de broder et se répéter, à l'avenir ça ne me dérangerait pas de la revoir d'ailleurs, quand j'aurais besoin de retrouver le sourire.