Love, la nouvelle série originale Netflix de Judd Apatow est, avouons-le, une excellente découverte.
En l'espace de seulement dix épisodes, Love n'a ni le temps d'être parfaitement construite ni le temps de nous habituer à un cadre précis. Love a beau être une série maladroite, elle l'est néanmoins comme un loser magnifique qui, sans cesse, cabotine. Ses personnages reflètent d'ailleurs efficacement, à mon sens, cet état d'esprit très loin d'être idiot.
Il y a d'abbord Gus, qui, de visu tient nettement plus du crapaud que du prince charmant à la vie et au couple monotone. C'est le type sans histoire, sans intérêt, mal à l'aise en toute situation, aussi maladroit que gringalet. Gus n'a l'air que très peu fréquentable présenté de la sorte, dans les faits, on ne peut qu'être empathique à ses côtés. On a envie de le soutenir face aux requins de ce monde sans pour autant le plaindre comme une petite chose insignifiante. Gus est beaucoup plus; c'est un type malin, adepte du bon mot dans ses grandes heures, un type attentionné, qu'une grande révolte, une colère interne agite cependant.
Gus incarne cette position masculine d'autoflagellation, de perpétuelle culpabilité et souci de bien faire, quitte à s'oublier parfois.
Dans le coin opposé, nous avons Mickey, cette fille blasé au visage plein de fatigue. Se définissant elle-même comme alcoolique, toxico, accro au "sexe-mouchoir" sans véritables sentiments, Mickey est dans la décharge, dans l'immédiateté. C'est la femme désirable qui émoustille en soirée, le trophée que l'on brandit avec une vaine conviction l'espace d'une nuit. Mais Mickey n'en est pas moins, elle aussi, une belle personne. Elle est, certes, bizarre et aussi maladroite que Gus mais possède en elle une véritable désir de vie, d'être heureuse tout simplement. Seulement le bonheur n'est jamais acquis sans un combat acharné. Or, pour s'acharner à cela, Mickey est aux abonnés absents, la montagne sacrée demeurant insurmontable.
Mickey est cette femme émotionnellement défaillante en pleine désillusion, ne trouvant de vitalité que d'en spontanés et éphémères plaisirs.
Love dépeint la vie de ces deux personnages que l'on imagine difficilement se rencontrer, s’apprécier, voir s'abandonner à plus encore. Au détour de la boutique d'une petite station essence, Gus et Mickey se croisent sans vraiment se voir. Elle est en rade de thune, il l'a dépanne d'une boisson et d'un paquet de clopes. Sur le chemin du retour la discussion s’entame, rendant ainsi possible cette aventure tumultueuse...
Loin des clichés de la comédie romantique de base, Love est ancrée dans son époque et dans ses mœurs. La série n'est pas magistrale, n'est pas inoubliable, pourtant elle demeure d'une grande sympathie et d'une personnalité éminemment marquée. Il n'y a plus qu'à se laisser tenter !