Love, Victor, direct descendant de Love, Simon, traite de Victor, 16 ans, en pleine découverte de son orientation sexuelle. Le premier épisode nous mets vite dans le bain ; slow motion et musique aguicheuse à l'apparition de notre gay attitré, Mr. Benji, la mèche aux vents et le sourire charmeur. Autant dire que dès le début, le mystère n'en est pas un. C'est un gay, gay, gay marions-les avec la subtilité d'un tracteur.
Love, Victor veut parler aux adolescents, et leurs problèmes, leurs interrogations et leurs confusions face aux relations amoureuses. Et cela aurait pu être réussi si tout n'était pas qu'un vaste jeu de chaise musicale, ou octogone amoureux, dans lequel personne ne regarde jamais l'autre. Je vous jure qu'à un moment dans l'histoire, on a une chaîne de 7 personnes qui aime l'un qui aime l'autre qui aime on ne sait plus qui, et c'est à s'en arracher les cheveux. Le principe sur lequel repose la série est une vieux cliché nauséeux, celui du "à défaut de pouvoir avoir celui que j'aime, je me contente de celui qui m'aime", utilisé à gogo, si bien que ne vous inquiétez pas, le karma leur revient toujours en pleine face, et l'arroseur finit toujours arrosé.
Love, Victor laisse un terrible goût âcre en bouche, avec une question sur le bout de la langue ; "Quel message pour les jeunes?". On sait très bien où la série veut en venir ; aime-toi, aime les autres, et viva l'homosexualité et l'acceptation. Mais le scénario tortueux et les relations dans tous les sens ne font qu'accroître le sentiment de malaise tout au long du visionnage. Aucune d'entre elles ne viennent de bases saines, et toutes passent par l'apparement incontournable étape d'utiliser une personne pour se protéger/se venger et de la blesser dans le processus. Si bien que je n'arrive à profiter d'aucuns des couples ou des baisers (enfin) qui devrait nous faire sauter de joie. Parce que l'un est toujours en couple. Parce que l'autre vient de laisser croire une fille pendant deux épisodes qu'il était intéressé par elle... Vous voyez le tableau ?
Simon, dont la correspondance avec Victor semble presque inutile pour la plupart du temps, semble être la seule personne censée et mature (et heureusement, c'est l'adulte), et sert de figure moralisatrice et aimante pour le protagoniste comme pour l'audience. Mais personne ne l'écoute. Et tout le monde semble mettre ses sentiments au-dessus des autres, jusqu'à arriver à ce méchouis de personnages qui n'ont fait que se blesser tout du long. D'ailleurs, on n'en vient à se demander quel intérêt il y avait de relier les deux si ce n'est pour le box office. Love Victor aurait pu être une série bien à part et bien plus tranché dans son esthétique plutôt que de se rattacher piètrement sans rien en tirer d'important.
Pire, chaque erreurs et blessures ne semblent être qu'un ustensile pour permettre de faire avancer le plot et les transformer en victoire, comme pour dire "c'est pas grave puisqu'au final...". Tout le monde se traite mal et avec peu d'égard, Mia est insupportable, et Victor, qui au début nous est présenté comme quelqu'un d'attentionné et de respectueux, se transforme au fur et à mesure en gamin inconscient des répercussions de ses actions sur les autres.
De tout cela, je ne retiens au final que l'épisode 8, dans lequel réaparraisent Simon et Bram, du film original, qui aura eu le mérite de réchauffer mon coeur.
Love, Victor est rempli de bonnes intentions, mais se noit sous les plot twist et les inutiles drames qu'il aurait pu esquiver pour donner un exemple plus sain et plus authentique à son jeune public. Une déception, quand le potentiel était pourtant là. À regarder pour se détendre et débrancher son cerveau, ou à montrer à notre ami dans le closet pour ricaner de la bêtise humaine.