Les séries US abordant l'homosexualité chez les ados sont souvent construites de la même façon : le héro gay découvre sa sexualité, l'accepte. Il subit une légère homophobie de la part de son entourage. Puis il assume et on le voit embrasser son compagnon en public ou bien danser avec lui lors du célèbre bal de fin d'année.
"Love, Victor" n'échappe pas à la règle. Et c'est le problème. La série est intéressante dans sa première saison. Effectivement, Victor se persuade qu'il est hétérosexuel et sort avec une fille. Puis il découvre qu'il est attiré par les garçons.
L'homophobie est abordée mais pas assumée. On n'est pas dans "Baisers cachés" le téléfilm français qui montrait une homophobie dure, haineuse et destructrice.
Ici, il semblerait que les Américains ne veulent pas voir l'homophobie. Les parents de Victor sont justes réservés sur l'homosexualité de leur fils. Ils ne le briment pas, ils ne l'insultent pas et ne le frappent pas non plus. Victor est juste déçu que sa mère ne reçoive pas son petit ami...
A noter, que les parents sont catholiques, comme si l'Amérique majoritairement protestante rejetait l'homophobie sur une autre religion.
Victor finira pas sortir avec un lycéen qui lui assume sa sexualité. A partir de là, la série tombe dans la mièvrerie. On les voit se tenir la main dans les couloirs du lycée et danser ensemble au milieu d'autres lycéens. On les voit se disputer, se réconcilier, se refâcher,...
Un vrai petit couple !
Les Américains ont le soucis de normaliser l'homosexualité dans les séries, ainsi que les films d'ailleurs. C'est certainement important pour les jeunes gays de pourvoir se référer à des personnages positifs. Mais c'est tellement irréaliste. Cela me fait évidemment penser au traitement des minorités raciales dans les séries.
J'aurais aimé que Victor garde secrète sa relation plus longtemps (il y avait matière a écrire de nombreuses intrigues mêlant quiproquo, gêne, allusion,...).
Le meilleur ami de Victor, ses parents, les lycéens et son équipe de basket acceptent sa sexualité. Donc tout va bien. Finalement, le coming-out de Victor tue la série.
Dans la 2nde saison, un troisième lycéen gay (musulman) entre en scène. On assiste à la naissance d'un triangle amoureux qui devrait fort logiquement être le coeur de la 3ème saison.
J'ai hésité entre 6 et 7 étoiles. Par sa mièvrerie, la 2nde saison plombe la série et ne mériterait que 6 étoiles. Ceci dit, "Love, Victor" a l'audace de montrer des garçons se galocher goulûment, ce qui n'est pas si courant sur les écrans US et pour une production Disney.
Espérons que dans sa prochaine 3ème saison, la série délaisse son côté éducatif. Il faut qu'elle soit plus audacieuse, elle ne peut pas rester sur le registre "je t'aime, je ne t'aime plus".