BANG BANG LUCKY LUKE
I'M POOR LONESOME COWBOY ! (Rantanplan faudrait arrêter la kétamine par contre)
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le 26 déc. 2016
En 1983, Lucky Luke avait été adapté à la télévision dans une co-production avec les studios américain Hanna-Barbera. Mais ils étaient loin de leur âge d'or cinématographique. Leurs 26 épisodes étaient régulièrement peu fidèles à la BD de base et le résultat était une série un peu pataude. Sept ans plus tard, c'est IDDH qui prend la charge de porter les aventures du Launesom Cauw Boay solitaire sur le petit écran.
Libéré des contraintes américaines (et de ses scénaristes), on peut enfin voir une adaptation fidèle des aventures de Lucky Luke. Enfin, contraintes, il y en a quand même, car dans Western Circus, des références à l'alcool ont été supprimés (Le propriétaire Zilch achète la collaboration des indiens avec des carabines pour chasser le bison au lieu de leur proposer de l'alcool comme dans la Bande Dessinée).
En fait on pousse tellement la déférence, qu'au scénario n'est pas crédité celui qui s'occupe de l'adaptation mais le scénariste de la version papier ; quand des scénaristes IDDH se créditent au scénario, c'est qu'ils ont adapté une histoire courte et qu'ils ont dû l'étendre pour qu'elle dure les 24 minutes réglementaires. Quand on adapte l'album Les Daltons courent toujours, composée de deux histoires séparées, ce n'est pas une des deux histoires qu'on utilise, on fait suivre les deux histoires les uns à la suite des autres avec presque aucune transition !
Forcément il faut que plusieurs détails passent à la trappe. Plusieurs gags sont éliminés, mais la trame des histoires originales sont suivies à la trace et on s'assure de tout y faire rentrer, au risque de devenir expéditif ; conséquence, les épisodes sont souvent très denses dans leurs déroulés, et le rythme est parfois un peu haché.
L'autre mauvais coté c'est que quelques fois, les détails passées à la trappe rendent la compréhension de la situation un peu plus difficile si on connaît pas la BD originale.
Cas un peu différent, Canyon Apache enlève la séquence où Lucky Luke devient frère de sang du petit Coyotito. Ça ne gène pas l'épisode en question, mais dans Le Colporteur où l'on retrouve le gosse, il est fait allusion à ce petit détail coupé de l'adaptation - sachant qu'en plus, le retour de Coyotito dans l'épisode est une invention du dessin animé (?), la version BD étant une histoire de 6 pages qui ne constitue que le début de l'épisode.
Quelques petits détails ont dû être modifiés, peut-être pour gagner du temps ou économiser de l'animation. Je le constate en voyant vaguement que dans la BD Les Cousins Daltons, on y voit Lucky Luke envoyer un moustique ennuyer Averell toute la nuit dans sa chambre d'hôtel la veille d'un combat au corps à corps, tandis que le dessin-animé lui enlève cette petite ruse, il se contente de placer une moustiquaire autour de son lit.
Après ce n'est pas très intéressant de traiter d'adaptation vu qu'on suit la BD dans les grandes lignes, donc si vous voulez une critique des scenarii, y'a qu'à se reporter direct à la BD.
Autrement, les quelques épisodes crées à partir d'histoires courtes qui ont permis à l'équipe d'IDDH d'écrire des scenarii originaux sont dans l'ensemble plutôt sympas.
La vraie grande différence se portera sur la mise en scène. Travaillée sur les cases de Morris, les moyens plus réduits et l'aspect très expéditif de l'adaptation force la série à utiliser une mise en scène très humble. L'animation est moins remarquable. Beaucoup plus constante que sur la série américaine, mais sans fulgurance et assez limitée, on voit même les traces de cellulo sur l'image.
En ce qui concerne la musique, on a aussi changé d'ambiance par rapport à la série de 83. Probablement parce que les thèmes de la première série appartenaient à Hanna-Barbera, on peut jeter aux oubliettes les partitions au synthé de Haïm Saban et Shuki Levy... Ce qui n'est pas plus mal d'ailleurs. Cette fois on a redemandé à Claude Boilling, qui avait travaillé sur les deux films cinéma de Goscinny, Daisy Town et La Balade des Daltons, de faire la musique. Le générique est une sorte de truc country, et à part ça il y a des thèmes assez sympathiques qui essayent de se placer au niveau de l'époque : didgeridoo, banjo ; avec en prime des petits thèmes plus jazzy. Sauf qu'en même temps on se ressert dans la musique des deux films sus-cités, qui ont plus de souffle et de grandeur : elles se marient mal avec la réalisation plus humble de la série.
Les voix, au grand dam des voxophiles, sont différentes de la série précédente. On garde les voix de Lucky Luke et d'Averell - en même temps comment se passer de Jacques Thébault - mais tout le reste a été remplacé on ne sait pas trop pourquoi. On pourra certes regretter les anciennes voix mais je peux tout à fait me satisfaire de ceux-là, qui livrent une prestation au moins correcte, d'autant que les dialogues sont un peu meilleurs.
Y'a quand même deux trois trucs un peu étranges. La série s'est mise en tête d'adapter les albums de Lucky Luke que n'avait pas adapté la série américaine, cependant même avec les deux séries combinées, deux albums écrits par Goscinny manquent à l'appel : ainsi, pas de Guérison des Daltons ni d'Empereur Smith pourtant tout à fait recommandables. Par contre des albums plus faibles ont eu droit à leur incursion télévisuelle, tout ce qui n'a pas été scénarisé par Goscinny donne forcément des épisodes moins réussis.
Il faudra également faire attention à l'ordre. Bizarrement, Les Cousins Daltons, qui est l'introduction des Daltons tels que nous les connaissons, est positionné 16ème épisode. Un running-gag qu'on trouve dans Défi à Lucky Luke et Le Daily Star (album dans lequel il prend sa source)
("Mais... Vous ne rechargez jamais ? - Si... A la fin de l'épisode !")
trouve une suite dans Le Colporteur
("Nom d'un chien, l'épisode n'est pas fini ! Que faire ? Plus de munitions !")
qui est positionné avant ces derniers ! Et évidemment, comme indiqué sur Planète Jeunesse, Canyon Apache se déroule avant Le Colporteur alors que celui-là est positionné deux épisodes avant.
Le manque de moyen, et la déférence absolue de la série à son matériel source la rend quand très attachante, très humble, dénué de prétentions autre que transmettre la bande-dessinée sur petit écran. Cette grande modestie en fait une série tout à fait respectable, même si elle n'a pas pu adapter les meilleurs albums.
Ça peut avoir l'air de mal vieillir mais je trouve que ça lui donne son intérêt, et je ne suis pas dérangé par l'aspect expéditif de l'adaptation qui me convient parfaitement.
Créée
le 24 août 2023
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