Une grande oeuvre sociologique
Samantha la sorcière tombe amoureuse d'un humain, Jean-Pierre (dans la version française), et par là même elle tombe amoureuse de l'humanité, du fait de vivre une vie banale, de mère au foyer.
Évidemment c'est absurde, et c'est là tout l'intérêt de la série : pourquoi une femme CHOISIRAIT de vivre une vie aussi pourrie ? Surtout une femme aussi belle avec un mec aussi laid. Surtout une femme aussi intelligente avec un mec au métier si pourri. Surtout une sorcière avec un humain.
Jean-Pierre n'a découvert qu'après coup que Samantha était une sorcière, lui n'a vu qu'une super meuf et comme tout benêt il trouve ça normal qu'une femme aussi cool épouse un commercial à la con comme lui et reste à la maison à faire la vaisselle. Et le fait que ce soit une sorcière ne fait qu’exagérer toutes ces choses qui devenaient vraiment absurdes dans les années 60.
La série ne fait que dire en très gros : vous avez vu comme c'est absurde que Samantha JOUE la potiche de Jean-Pierre ? Bah c'est aussi absurde que toutes ces femmes qui ont et qui continuent à être femmes au foyer, alors qu'un monde de possibilités s'offre maintenant à elles.
Je sais pas si c'est pleinement assumé par ceux qui ont fait la série, mais ça me semble trop énorme pour passer à côté. Surtout que tout ça est sans cesse souligné par le personnage de la belle-mère, qui rappelle tout le temps à Samantha que son mari est un loser.
Après ça se trouve la série a été conçue en mode "l'émancipation des femmes c'est mal, regardez c'est super de rester à la maison aussi", mais ça change rien à ce que je dis. Ce n'est que l'autre face d'un même discours sur l'évolution de la place des femmes dans la société (d'ailleurs je trouve que l'indécision ajoute de l'intérêt à la série).
Bon sinon j'suis comme vous hein : je regardais ça en en attendant de manger mes coquillettes-poisson pané, j'adorais le générique et je fantasmais autant sur Samantha que sur ses pouvoirs, que je rêvais d'avoir moi aussi notamment pour faire les corvées en un mouvement de nez. Des corvées comme débarrasser la table par exemple, le genre de trucs qui t'empêche de faire les vraies choses essentielles de la vie : mater des séries à la con à la télévision.