Bon, je dois admettre que je n'écris cette critique qu'après visionnage de la saison 1.
Mais je trouve d'ores et déjà la série passionnante. Je comprendrai sans problème ceux, de ses détracteurs, qui diront que c'est une série lente, tout simplement parce que c'est vrai. D'où le fait que certains s'ennuieront. La série est contemplative, avance de façon fluide et calme, comme si l'on se promenait le long d'une fresque. Attention, en théorie je déteste les reconstitutions historiques, mais là il y a quelque chose de plus.
Petit rappel du pitch, au cas où : la série suit principalement Don Draper, publicitaire de génie à l'agence de pub Sterling Cooper, dans un New York des 60's. L'agence, comme de nombreuses autres, est située sur Madison Avenue, ce qui permet le triple jeu de mot entre Madison, Ad Men (publicitaire), et Mad (fou), donnant le surnom desdits publicitaires, et du même coup le titre de la série.
Revenons à l'aspect historique :
Plutôt que de voir une énième fois des personnages obéissant mécaniquement à des clichés historiques imposant toute la trame narrative, là on a réellement l'impression de voir évoluer des personnages de chair et d'os, mais surtout avec du caractère et des émotions, évoluer dans un univers vaste et quasi-fictif (par opposition avec un univers historique, hein - évidemment qu'il est fictif), à tel point que l'on est tenté de croire que les personnages existent en dehors de la série, et que chaque épisode n'est qu'une fenêtre sur un bout de leur vie. C'est quand cela se produit que l'illusion (historique ou non) est particulièrement réussie.
Comme je le disait, la trame ne résulte pas d'un cahier des charges débile cherchant à illustrer les 60's de façon didactique ; le scénario est tout simplement excellent, riche et original. Les dialogues, sur certaines scènes, sont dignes de très, très bon cinéma - très notamment les envolées inspirées de Don lors du pitch de produits. John Hamm, qui joue ce rôle, n'est évidemment pas étranger non plus au génie de ces scènes. D'ailleurs, l'ensemble du casting est vraiment excellent, que ce soit Vincent Kartheiser (le jeune et ambitieux Pete Campbell), January Jones (femme semi-moderne de Don), ou encore tous les personnages plus ou moins d'arrière-plan.
Et malgré tout, le contenu historique parvient à occuper une place importante : il y a tout un commentaire, plus ou moins en filigrane, sur l'évolution de notre société depuis ces années-là : place des femmes, rapport à la famille, la guerre, et le fait, presque anecdotique, mais immanquable en fin de compte, qu'aujourd'hui, voir des gens fumer autant nous paraît absolument insensé.
Ne serait-ce que par curiosité, le premier épisode au moins est absolument à voir.