Tiré d’une histoire vraie devenue best-seller, Maid offre un tournant social aux productions américaines Netflix, avec une plongée dans les violences domestiques, la notion d’emprise mais également la pauvreté et la difficulté de s’en sortir avec des services sociaux plus que limités et un mépris de classe diffus.
Alex, jeune mère fuyant une relation violente et elle-même issue d’une famille avec un historique similaire, tente de s’en sortir dans l’imbroglio administratif des aides sociales, le jugement permanent de son entourage, la gestion chaotique de sa mère loufoque et vulnérable et de sa fille de 3 ans, sans s’oublier complètement au passage. La série tombe par moments dans le pathos et le misérabilisme au vu de galères qui s’accumulent, et n’évite pas le classique fall-&-rise à l’américaine avec un final très success-story, mais tire son épingle du jeu par ses idées de mise en scène, son écriture de personnages nuancée et son jeu d’acteurs.
En effet, la série matérialise les angoisses d’Alex à l’écran, que ce soit par son compte permanent de l’argent — qui souligne avec force la nécessité de l’indépendance financière pour s’en sortir— ou la métaphore sur le trou noir et la disparition de l’être, symbole de l’effacement d’une personne soumise à l’emprise d’un autre. Si les péripéties peuvent parfois être un peu pesantes ou se cousues de fil blanc, la série évite les manichéismes. Sean ou Hank ne sont pas jutes des monstres caricaturaux. Ceux qui soutiennent Alex ne sont pas de bons samaritains. Sa mère — incroyable Andie MacDowell — est complexe et fascinante entre force et vulnérabilité. En réhumanisant ainsi chaque rôle, la série offre une vision bien plus percutante de la société.
Les limites de la série viennent un peu plus de son format, avec ce côté un épisode – un obstacle, qui provoque des longueurs et des répétitions. En bref une belle minisérie qui n’évite pas certains écueils mais qui s’en sort honorablement.