Chercher l'amour en ayant consommé des champignons hallucinogènes

Excellente surprise! Sur un pitch de départ franchement banal, Man Seeking Woman adopte un parti-pris plutôt osé. En effet, au lieu de suggérer le ressenti, les émotions du protagoniste à travers des lignes de dialogues ou un travail plus ou moins subtil sur la scénographie ou les angles de caméra, la série choisi de tout montrer directement à l'écran, au travers de métaphores visuelles toutes plus improbables les unes que les autres, et souvent bien senties.
En ce sens, je trouve que l'on s'approche de l'essence même du cinéma, cet art de montrer par le mouvement, les images, et rien que pour ça, la série vaut le détour. D'autant plus que le délire est suffisamment assumé, et, si le tout reste assez sage, on sent que les auteurs ne se sont pas trop auto-censurés, quitte à taper dans le gentiment gore ou le scabreux. On enchaîne ainsi les situations farfelues et il n'est pas rare de se dire, dans un moment de lucidité, seul face à son écran « Mon dieu, suis-je vraiment en train de regarder un homme serrer l'organe génital d'une créature intégralement composée de bites ? Comment en suis-je arrivé là ? ».

J'ai lu ci et là que la série était affublée d'un humour absurde et totalement WTF mais ce n'est pas tout à fait vrai, chaque gag relève simplement de la mise en lumière d'une situation classique de la recherche amoureuse, dans laquelle tout un chacun pourra s'identifier à un moment ou à un autre.

Cela dit, la série a un peu les défauts de ses qualités. Le concept fait que l'humour provient avant tout des métaphores et chaque épisode repose presque intégralement sur un seul gag. Du coup, si on sourit souvent devant l'inventivité des auteurs, une fois la surprise passée, l'effet retombe quelque peu et les éclats de rires sont rares.

De même, le format 10x20 min et le fait que chaque épisode ne repose quasiment que sur une seule idée laisse peu de place au développement des personnages. Quoique bien interprétés, les seconds rôles sont donc soit excessivement caricaturaux (la sœur, le meilleur pote) soit totalement transparents (les conquêtes féminines). Le héros lui-même, malgré un Jay Baruchel qui colle parfaitement au rôle, dispose d'une personnalité très limitée et n'évolue absolument pas au cours de la saison.
Ainsi, chaque épisode pourrait être pris indépendamment des précédents sans jamais perdre le spectateur. Je dirais même qu'une saison 2 pourrait largement être abordée sans avoir vue la première, tant les événements de celle-ci sont finalement anecdotiques. Néanmoins, il ne s'agit pas forcément d'un défaut, si la série parvient à tenir sur son seul concept d'origine.

Pour l'instant, la saison 1 est donc largement portée par la créativité de ses auteurs et l'efficacité de sa réalisation et de son jeu d'acteur. Gageons cependant que, si elle ne remédie pas aux défauts sus-cités, la saison 2 – prévue pour 2016 aux US – risque de s'essouffler rapidement. Pour ma part, je reste plutôt confiant et très curieux de voir la suite.