La genèse
Au commencement était un gars – appelons-le Saint Thomas – qui aimait bien le cinéma (non, je vais pas vous la faire en vers, c'juste la première phrase qui tombe comme ça, pour le reste, la flemme). Un soir que Saint-Thomas traînait avec ses apôtres dans les bars mal famés de sa ville natale, l'idée de se faire une toile apparu tout à coup. Désireux de trouver quoi regarder, ils lurent quelques synopsis. Saint Thomas n'avait pas beaucoup entendu parler du « Tout Nouveau Testament », mais il en regarda la fiche, et il vit que cela était bon. Entrant dans la salle, il dit « que la lumière soit ! » mais la lumière ne fut pas. C'était pas plus mal. Ils restèrent dans le noir, le film commença.
L'évangile selon Saint-Thomas
Saint Thomas aimait bien l'humour noir et grinçant (si bien qu'on l'appelait parfois Saint Thomas T'Aquin) . S'il s'attendait à en recevoir sa dose au cours de la projection, la suite ne lui donna que partiellement raison. (ça aussi c'te un vers, non?).
En effet, la bobine qui se déroulait sous ses yeux lui en fit tirer une drôle (de bobine.) Sur un pitch qu'il attendait corrosif, acide et irrévérencieux se posait en fait un étrange mélange d'envolées lyriques, de scènes un peu tragiques, et de vannes plutôt rigolotes. Mélange qui apparut d'abord intriguant, certes, mais se montra finalement un peu bancal. En effet, le synopsis d'origine s'en trouva vite transformé pour prendre la forme d'un enchaînement hautement linéaire de portraits d'individu-banals-mais-pas-trop-parcque-tout-le-monde-cache-une-sensibilité-unique-tout-au-fond-de-lui-si-on-prend-la-peine-de-chercher. Saint Thomas n'était pas con. Il ne croyait, certes, que ce qu'il voyait, mais il croyait pas non plus TOUT ce qu'il voyait. Et puis c'était un peu un enfoiré cynique et désabusé aussi, ça, on le dit pas assez. Du coup, l'impression qu'il eut fut un peu qu'on le prenu vaguement pour un pigeon en lui filant finalement une morale consensuelle à deux sous, avec en prime une légère odeur de déjà vu, d'artificiellement original et décalé. Le tout guère transcendé par un humour efficace mais assez dilué dans le récit et somme toute fort sage (SPOIL :
les coïts avec le gorille ne sont même pas filmés, de qui se moque-t-on?
) et une écriture lyrique qui tape un peu dans les poncifs du genre. L'impression qu'eusse eu Saint-Thomas prena la forme de celle d'observoir Amélie Poulain racontant un épisode de la bible à son petit neveu après avoir consommé quelques champi.
Cela dit, il n'eut point trouvu la chose fort désagréable non plus.
L'Apocalypse (avec des spoils. Mais des pas gros. Enfin j'trouve.)
Regardir Benoît jouer un Dieu imprégné d'alcool et de méchanceté s'avéra en définitive un spectacle ma foi réjouissant. D'autant que le reste du casting, globalement, ne démérita point. Ainsi, Saint Thomas n'éprouvassa que peu l'envie permanente de claquer des baffes à la gamine qui joue l'héroïne, ce qui, le concernant, est assez rare quand c'est une gamine qui joue l'héroïne. Et surtout quand la dite gamine utilise sa faculté à multiplier les sandwichs pour draguer au lieu de mettre un terme à la faim dans la monde.
La fin s'affranchissa tout de même un peu du schéma établi pour instaurer un genre d'Happy-End en deus-ex machina a faire se dressir les poils de culs des mal-pensant.
Resta un plan terminal dévoilant un monde quasi-sauvé et tout coloré mais dans lequel les ouvriers ouzbeks continuent à trimer dans l'obscurité crasseuse d'une usine glauque. Une morale primesautière que n'eusse eu point reniassié La Fontaine, style « Rien ne sert d'être sauvé, il faut naître dans un pays développé ».
Pourquoi pas.