Manifest, diffusé initialement sur NBC et ensuite sur Netflix, commence avec une idée intrigante : un avion, le vol 828, disparaît mystérieusement des radars et réapparaît cinq ans plus tard, sans que les passagers aient vieilli d’un jour ni réalisé qu’ils étaient portés disparus. À leur retour, les passagers découvrent un monde qui a avancé sans eux et où des forces mystérieuses semblent désormais les relier. Sur le papier, le concept évoque Lost ou Les 4400, mais au lieu de s’envoler dans des aventures captivantes, la série semble souvent clouée au sol par des intrigues prévisibles et des rebondissements qui s’épuisent vite.
L’histoire se concentre sur les Stone, une famille parmi les passagers de ce vol, et leurs tentatives pour reprendre une vie normale dans un monde qui a avancé sans eux. Michaela, la sœur, et Ben, le frère, sont nos protagonistes principaux, qui jonglent entre résoudre les mystères du vol et les problèmes de la vie quotidienne. Le problème, c’est que ces personnages semblent souvent stéréotypés, avec des réactions prévisibles et un manque de profondeur qui finit par rendre leurs dilemmes plus fatigants que captivants.
La série introduit rapidement le concept des "Appels" : des visions et des voix mystérieuses qui guident les passagers vers des situations souvent dangereuses ou énigmatiques. Si, au début, cela crée une tension intéressante, la répétition de ce mécanisme devient vite lassante. Les "Appels" semblent surgis d’un générateur aléatoire d’intrigues et ne sont pas suffisamment expliqués, comme si les scénaristes espéraient que le mystère seul suffirait à nous maintenir en haleine. Mais sans vraie consistance, cette idée finit par ressembler à une béquille scénaristique plus qu’à un élément captivant.
Là où Manifest aurait pu se démarquer, c’est dans son exploration des conséquences psychologiques et émotionnelles pour les passagers et leurs proches. Malheureusement, la série effleure ces thèmes sans jamais s’y engager pleinement. Au lieu de s’intéresser réellement à la réintégration des passagers dans la société ou aux bouleversements qu’ils provoquent, elle se concentre sur des sous-intrigues romantiques et des disputes familiales qui sonnent souvent creux. Le drame relationnel semble être ajouté pour remplir les épisodes plutôt que pour enrichir l’intrigue principale.
Visuellement, la série fait son travail mais sans éclat particulier. Les scènes de visions sont filmées de façon correcte, mais elles manquent de l’intensité ou de la créativité visuelle qui pourraient les rendre mémorables. Les décors de la vie quotidienne des personnages dominent, créant une ambiance plus proche d’un drame familial que d’un thriller surnaturel. On attendrait d’une série à mystères qu’elle joue davantage avec les ombres, les lumières et les atmosphères oppressantes, mais Manifest reste plutôt sobre, voire banal, dans son esthétique.
Le plus gros problème de la série, cependant, réside dans son rythme et son écriture. Les intrigues avancent à une vitesse inégale, et les réponses aux mystères, au lieu d’apporter de la satisfaction, ajoutent souvent davantage de questions sans réponse. Les rebondissements tombent parfois comme des deus ex machina, et les cliffhangers, censés maintenir le suspense, finissent par perdre leur impact face au manque de résolution des arcs narratifs. Cela crée une frustration chez le spectateur, qui se retrouve face à une accumulation de mystères sans consistance ni finalité.
En résumé, Manifest est une série qui décolle avec une bonne dose de mystère et un concept intrigant, mais qui s’essouffle rapidement en vol. Ses personnages stéréotypés, ses intrigues répétitives et son manque de profondeur finissent par laisser une impression de promesse non tenue. Pour ceux qui espèrent un thriller surnaturel captivant, le vol 828 risque de se transformer en un aller simple pour la déception.