Pourquoi tant de haine ?
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le 8 mai 2016
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Marseille, c’est un peu comme si quelqu’un avait décidé de faire un mélange entre House of Cards et une série de soap opéras des années 90, mais en oubliant la subtilité et en se perdant dans les clichés. Avec un casting qui aurait dû briller (Gérard Depardieu en tête d'affiche), la série se présente comme une plongée dans les bas-fonds de la politique marseillaise. Sauf que, dès les premières scènes, tu te rends vite compte que ce bateau-là prend l’eau plus vite qu’un chalutier rouillé.
L’intrigue se concentre sur Robert Taro (Depardieu), maire de Marseille depuis 25 ans, qui se retrouve trahi par son dauphin Lucas Barres (Benoît Magimel), un homme aussi ambitieux que pâle. Ce qui aurait pu être un duel passionnant entre deux figures politiques se transforme rapidement en une suite de magouilles prévisibles, de trahisons téléphonées, et de dialogues qui te donnent parfois l’impression que le scénario a été écrit en vitesse pendant un trajet en TGV. Les complots, au lieu d’être brillamment orchestrés, ressemblent plus à des petits coups de canif mal placés dans une cour de récréation politique.
Gérard Depardieu, avec sa stature imposante et sa voix grave, fait de son mieux pour incarner ce vieux lion de la politique, mais même lui ne peut pas sauver un script qui semble s’embourber dans ses propres ambitions. On le regarde se débattre dans des intrigues qui manquent cruellement de finesse, tandis que les enjeux (la construction d’un casino, vraiment ?) ne parviennent jamais à vraiment nous captiver. Quant à Benoît Magimel, son personnage de Lucas Barres, censé être le rival calculateur et impitoyable, donne plus l’impression d’un étudiant en politique mal préparé qu’un Machiavel en herbe.
L’un des gros problèmes de Marseille, c’est qu’elle veut absolument te convaincre que la ville est un personnage à part entière. Et c’est vrai, Marseille est une ville fascinante, pleine de contrastes et de tensions. Sauf que la série te balance cette carte postale un peu trop souvent, avec des plans clichés du Vieux-Port, des discussions interminables sur l’importance du club de l’OM, et des scènes qui te donnent plus envie de réserver tes vacances qu'à suivre les intrigues politiques. On a droit à des clichés marseillais à la pelle : l’accent, les embrouilles mafieuses, et les discussions sur les magouilles, mais tout cela sonne creux, comme si la série n’arrivait pas vraiment à capter l’âme de cette ville complexe.
Visuellement, Marseille essaie de jouer sur le luxe et la grandeur de la politique locale, avec des bureaux de mairie qui semblent avoir plus de marbre qu’un musée, et des plans de drone au-dessus de la Méditerranée. Mais derrière cette façade, on se retrouve avec des scènes de conflits politiques qui manquent de punch et d’authenticité. La mise en scène manque cruellement d’énergie, et même les moments censés être dramatiques tombent souvent à plat.
Le rythme de la série est également un problème. Les épisodes s’enchaînent, mais sans jamais vraiment monter en tension. Là où tu t’attendrais à des coups de théâtre politiques brillamment orchestrés, tu te retrouves avec des discussions interminables sur des alliances improbables, des rebondissements que tu as vus venir depuis le début, et des personnages secondaires qui ne servent qu’à remplir les cases d’un scénario prévisible. Les intrigues familiales de Taro et les histoires de coucheries dans le monde politique n’apportent rien de neuf et finissent par te laisser indifférent.
Côté dialogues, c’est là que Marseille fait vraiment mal. Ce qui aurait dû être des échanges tranchants entre politiciens chevronnés se transforme souvent en tirades grandiloquentes et dialogues forcés qui manquent de naturel. Les tentatives d'intensité se transforment en moments de gêne, et même les acteurs semblent parfois se demander comment ils en sont arrivés là.
En résumé, Marseille est une tentative ratée de faire un drame politique à la française. Entre un scénario qui manque de profondeur, des personnages qui semblent plus occupés à réciter leur texte qu’à incarner des figures politiques crédibles, et des intrigues qui peinent à captiver, la série s'embourbe dans un marécage de clichés et de maladresses. Si tu espérais une série intense sur les coulisses du pouvoir marseillais, tu risques d’être déçu. Marseille n’arrive jamais vraiment à trouver son équilibre entre drame politique et soap, et finit par se noyer dans ses propres ambitions.
Créée
le 21 oct. 2024
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