Marvel : Les Agents du S.H.I.E.L.D. par toma Uberwenig
A travers son oeuvre télévisuelle, on peut discerner quelques tendances chez Whedhon.
Déjà, sauf exception, il a du mal à lancer les choses. La plupart de ses séries commencent par piétiner une fois passé l'épisode d'ouverture, faute d'enjeux suffisamment solides.
SHIELD tombe en plein dans ce travers, proposant du cousu de fil blanc et des intrigues de second plan. On aurait pu espérer retrouver le souffle épique exemplaire du film, mais bon, clairement, ce n'est pas le cas. Tout semble trop léger, factice, et repose en très grande partie sur le capital sympathie de Colson.
Si on ajoute à ça des personnages mal définis, eux aussi victimes du manque d'engagement de Whedhon dans l'écriture de leur profil, ça va mal, entre le "ténébreux agent véritable machine à tuer distant mais avec un coeur gros comme ça si on gratte la surface de marbre", l'asiatique qui maîtrise les arts martiaux, le duo de rats de laboratoires, les persos ne sont définis que par leur fonction au sein de l'équipe sans que ça ne pisse plus loin.
Skie, l'héroine rebelle au grand coeur, s'en sort un tout petit peu mieux, mais pas tant que ça.
Bref, les défauts sont là, et on a affaire à du Whedhon de seconde zone, qui pue la feignantise et le remplissage.
Mais si Whedhon commence effectivement souvent mal, c'est parce qu'il se projette dans le futur, polissant son twist à venir, la métastructure de son récit. Il bâcle ses débuts car il s'en fiche pas mal, les enjeux qui l'intéressent ne sont pas ceux de l'introduction, mais bien du développement central de l'intrigue. Il avait fait le coup avec Buffy qui donne dans l'epicness une fois torché le premier arc servant d'intro, dans le plutôt moyen Angel il nous refait le coup (avec moins d'élégance, certes), bref, ça fait partie de ses modes opératoires.
C'est pourquoi généralement, même quand la sauce ne prend pas, je continue à regarder ses séries, parce que je sais qu'il faut attendre d'arriver au noeud narratif qui justifie l'existence de la série aux yeux du réalisateur, quitte à bouffer du très moyen un temps.
Or, c'est un peu ce qui est en train de se passer dans la seconde moitié de saison (voire le dernier tiers). Certes, ça ne casse pas des briques, mais on se retrouve enfin confronté aux thèmes chers à Whedhon : trahison, scission, twist, montée en drame, désespoir, on retrouve enfin les couleurs du réalisateur, et ça fonctionne... pas mal.
Mais pas top, la faute aux persos dont on se fiche un peu, et au fait que Whedhon ait ses petits chouchous et ne soit capable de donner de l'épaisseur qu'à ceux là, les autres n'étant que des pantins fonctionnels.
Mais peut-être est-il simplement trop tard pour que l'on commence à aimer des persos qui nous ont trop longtemps indifféré...
Alors c'est dommage, pas rédhibitoire, mais dommage quand même.
Bref, c'est ni FireFly, ni Buffy, ni the Avengers.
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