Mauvais points et point d'honneur

Dernière série marvel avant les Defenders, « iron fist » s’est surtout fait connaître par la volée de critiques négatives d’une bonne partie de la presse à son encontre, au visionnage en avant-première des 6 premiers épisodes. Des reproches certes en partie expliqués en raison de maladresses et de certains défauts, mais qui justifient difficilement un tel acharnement. D’autant que certaines critiques (le personnage aurait dû être asiatique alors qu’il s’agit bel et bien d’un blanc dans les comics…) sont carrément hors-propos. Il y a donc là un étonnant phénomène des réseaux sociaux qui semblent rapidement propager des idées mêmes si elles ne sont pas pertinentes à la base, à l’image des dessous de bras de Wonder Woman ou du BvS bashing…

Commençons donc cette fois cette critique par les défauts tant mis en avant.
Le début est effectivement assez lent. Danny Rand désire retrouver une place parmi la compagnie de son père, et se heurte à la méfiance puis la réticence de ses amis d’enfance, dans un monde qui le croit mort. Une partie qui prend un peu de temps il faut bien l’avouer, ce n’est pas tout à fait le genre d’intrigue que l’on s’attend à suivre avec un expert en art martiaux venu d’une cité d’autre dimension…
Le personnage tranche également de ses futurs partenaires par un comportement assez léger, voir naïf. Ce qui s’explique aisément par son histoire toutefois : il a vécu la majeure partie de sa vie dans une autre cité, à suivre une discipline d’ascète et à s’entraîner dur. Il est totalement étranger aux réalités de notre monde, et surtout des manigances et faux semblants du monde de l’entreprise qu’il espère intégrer. Un autre reproche hors-propos que j’avais pu lire est qu’il s’agissait d’un héros avec des problèmes de riche… or il n’a jamais profité de cette richesse, et aspire à la fois à faire le bien sur Terre et à la protéger contre toute menace. Pas vraiment des préoccupations de riche non ??
Je ne parlerais pas du jeu de l’acteur, j’ai du mal à m’en faire un avis, mais je trouve en revanche le personnage intéressant. Loin d’être fade, c’est un être écartelé entre deux mondes et des aspirations contraires. Il a été entraîné à contrôler ses émotions, or il est toujours traumatisé par l’accident qui a tué ses parents. Il a été entraîné à devenir un guerrier impitoyable, mais aspire à suivre les valeurs humanistes de son père. Il est devenu un gardien de la cité de Kun Lun, mais désire appliquer ses talents à défendre le monde d’où il vient. Écartelé entre ses deux penchants, il n’exploite pas ses pouvoirs à leur plein potentiel, de peur des dégâts qu’il pourrait causer. Un héros qui comme ses futurs partenaires a ses propres dilemmes éthiques.
Mais il y a un reproche que je suis malheureusement contraint de reconnaître : les scènes de combat mal chorégraphiés. En quelques gestes, Danny Rand parvient à se débarrasser facilement de ses adversaires, et force est de constater que ces mouvements n’impressionnent guère. Daredevil faisait beaucoup mieux à ce niveau, un comble pour une série basée sur un expert en art martiaux ! L’acteur a expliqué qu’il n’avait que peu de temps pour s’entraîner avant chaque prise, un planning serré aurait-il posé des contraintes à la série ? Où ne faut-il blâmer que la réalisation ?

La 2ème partie en revanche s’améliore, ce qui contraste un peu avec les autres séries qui connaissaient souvent une baisse de niveau.
Fini les problèmes d’intégration, Danny Rand est désormais pleinement engagé à combattre la Main, cette organisation de ninjas ressuscités qu’avait déjà combattu Daredevil. Il a trouvé comme allié Colleen Wing, combattante experte, femme forte à l’image de Misty Knight de « Luke Cage », et celle qu’on ne présente plus Claire Temple, dénominateur commun entre tous ces héros perturbés. La situation va se compliquer avec l’existence de différentes factions ennemies de la Main, et Harold Meechum, homme d’affaire trouble maintenu en otage par la Main. L’Iron Fist va vite comprendre que beaucoup de gens veulent l’utiliser en raison de son pouvoir, jusqu’à Colleen qui n’a pas tout révélée de son passé… Sa naïveté va être mise à rude épreuve, et alors que les premières trahisons le heurtent avec la force d’un uppercut, une colère grandissante remonte en lui alors qu’il commence à apprendre la vérité sur la mort de ses parents, tout sauf accidentelle. Une colère incompatible avec la concentration requise pour utiliser ses pouvoirs… Au fur et à mesure de ses jours passés dans le monde extérieur, alors que sa mission est de moins en moins claire et qu’il ne sait plus à qui faire confiance, ses dualités intérieures se font plus présentes. La survenue d’un ancien partenaire venu le retrouver pour le ramener à Kun Lun, par la force s’il le faut, n’arrange pas la situation.

Comme les autres séries du MCU Netflix, « Iron Fist » bénéficie donc de bons personnages secondaires. Impossible de ne pas citer Ward Meechum, homme introverti qui vit dans l’ombre de son père, prisonnier d’une situation impossible. Initialement vu comme étant quelqu’un à la moralité plutôt faible, c’est surtout un homme troublé par des événements qu’il ne contrôle pas et l’influence néfaste d’un père odieux et manipulateur. Un homme qui va malgré tout se révéler juste et protecteur, notamment envers sa sœur, avec qui il continue d’entretenir des relations fortes malgré les secrets et une certaine jalousie envers ses talents et la préférence de leur père. Cette dernière, Joy Meechum, est capable de compassion, mais sait aussi faire preuve de manipulations, surtout lorsque ses intérêts ou celle de sa compagnie l’exigent. Si elle était celle de la fratrie la plus attachée à Danny Rand, il semble que la succession d’événements traumatisants qui soient survenus depuis son retour n’aient changé ses sentiments, comme en témoigne une scène finale qui suggère des retournements pas forcément très crédibles d’ailleurs la concernant…

A défauts de combats véritablement bien chorégraphiés, certaines scènes se rapprochent de l’esthétisme façon films asiatiques, comme la série d’affrontements envers des guerriers choisis par madame Gao.

Une série donc pas aussi mauvaise que les premières critiques l’ont reporté, mais malheureusement la plus faible des 4 (chacun a ses préférences mais cet avis est très partagé…). C’est dommage car si certains défauts peuvent être expliqués ou nuancés, certaines choses auraient pu être bien mieux. Espérons que ce personnage qui apparaît un peu comme le maillon faible retrouve grâce dans The Defenders ou la saison 2.