La qualité d'une adaptation de comics dépend assurément de celle de son super héros, mais pas que. Batman est un personnage torturé, intelligent et sans super pouvoirs : il est forcément moins chiant que Superman, le golden boy à qui tout sourit. Mais pour moi, la vraie différence entre ces deux héros, leurs deux mondes, réside dans la qualité de leurs super méchants. À ce titre, Batman et Spiderman sont deux personnages aux univers très différents, mais qui sont à rapprocher par la multiplicité et la qualité de leurs antagonistes, quand Superman se contente d'affronter des copier coller de sa propre superforce. Visuellement, çà donne un combat de deux titans identiques sans saveur. C'est dommage, mais c'est le choix qu'ont fait les créateurs de la série Luke Cage.
Un héros chiant :
Luke Cage, c'est le premier super héros noir. Forcément il représente Harlem, et tout un peuple. Pourtant, je n'ai pas vu de véritable réquisitoire de la situation actuelle des noirs aux états unis, aucune action engagée. Il se contente ici de se cacher et d'utiliser au minimum sa force surhumaine mais ne peut cependant s'empêcher de sauver les innocents qui croisent sa route et de coller des baffes aux vilains malfrats. Son développement est clair dès le premier épisode : il va peu à peu sortir de l'ombre pour défendre son quartier.
J'avoue que je n'ai pas aimé l'acteur, ou du moins la façon de le filmer. On ne ressent jamais vraiment sa force ni ses muscles. Quand on est habitué à voir The Rock, çà fait un peu tâche...
Quand à son personnage de gentil-bêta, on aurait aimé plus de bestialité pour compenser la noirceur de l'image et l'absence d'humour.
Ils sont où les méchants ?
Mon long paragraphe du début vient alimenter le principal défaut de la série : si Jessica Jones était déjà moins intéressante que Daredevil, son méchant sublime et terrifiant sauvait les meubles, ici il n'en est rien. Plusieurs méchants se succèdent. Cottonmouth, parrain du quartier, sa cousine aux ambitions étranges, Shades leur homme de main et Diamondback le soldat qui dans les comics est... une fille.
Ce n'est pas seulement que ces méchants n'ont pas la prestance du Caïd, mais qu'ils sont très mal écrits, et mis dans des situations à pleurer de rire... Combien de fois les surprend-on en train de ricaner, de se regarder fixement dans les yeux, d'enlever et remettre leurs lunettes de soleil... C'est horrible, on dirait des petits jeunes qui jouent au gangster. La seule qui aurait pu sauver l'antagonisme apparaît dans un flash back saisissant de violence pour ne plus réapparaître.
Des lenteurs abominables :
On leur avait commandé 13 épisodes, ils les ont fait. Pour une moyenne de 55 minutes quand même!
Résultat : on prend son temps, on met en place une ambiance pendant un ou plusieurs épisodes. Pourtant, quand les rares scènes de violence (qui auraient été vraiment appropriées ici) arrivent, elles n'ont pas le punch de celles de Daredevil, magnifiquement chorégraphies.
Je n'ai pas adhéré du tout, donc çà m'a paru très long. Je comprend que cela puisse plaire à certains cependant, l'ambiance étant beaucoup plus travaillée. Pour faire un test, le premier épisode est un bon exemple : si vous ne l'appréciez pas, pas besoin d'aller plus loin, ce ne sera pas différent.
Un zéro pointé ?
Non, je vais me faire l'avocat du diable, certaines choses sont à sauver, comme la scène de sexe qui clôt le premier épisode (ahah).
La BO est excellente, malgré un générique complètement creux, mais mal utilisée : la même scène est démultipliée : le méchant, propriétaire d'un club, regarde les chanteurs, un verre à la main, parfois même sans public, alors que le mec s'époumone et gesticule comme s'il était dans un clip de Rihanna.
Quelques scènes sont très réussies, pas de bol, elles sont pompées mot pour mot sur celles de la première saison de Daredevil : le huis clos en est un parfait exemple. On aurait aimé ressentir cette violence plus souvent.
Les défendeurs semblent prendre forme petit à petit, cette saison étant la première à vraiment se distinguer comme maillon d'une chaine, au milieu du monde ouvert de marvel (références multiples aux vengeurs, armure du méchant créée par la Hammer...).
CONCLUSION :
Fortement déçu par cette série que j'ai pourtant suivie jusqu'à la fin, je la déconseille à tout ceux qui ont adoré Daredevil et qui ne vivent que par lui. Pour les autres, fan de super héros, elle s'inscrit dans une chaîne que vous voudrez suivre : regardez le premier et le dernier épisode, il ne se passe rien de sportif entre les deux.