Alors que le monde de Marvel au cinéma continue à réchauffer la même recette de film en film, Netflix continue à surprendre à chacune de ses saisons portant sur des super-héros, en leur donnant une couleur radicalement différente de l'une à l'autre.
Après les percutantes saisons de Daredevil noir et rouge, et l'intimiste Jessica Jones aux teintes violettes, c'est à Luke Cage d'imposer un nouveau type de super-héros dans un milieu urbain orange.
Le pari n'était pas gagné. Dans Jessica Jones, Luke était un personnage intéressant, mais on voyait mal son potentiel au delà des claques que l'homme increvable pouvait donner aux petits mafieux. Netflix a eu la bonne idée de plonger Luke Cage, pas seulement dans de l'acide, mais aussi dans Harlem, et de définir le héros par rapport à son environnement urbain. Le départ de la série est assez mou par rapport aux torturées saisons livrées précédemment par Netflix, et on voit mal où ils veulent en venir. Il faut dire que l'affrontement entre un homme invincible et Cottonmouth, un mafieux plutôt soft de Harlem, ne semblait pas porter d'enjeux.
C'est là que l'on voit le génie des scénaristes qui arrivent à trouver plein d'idées pour faire de la lutte entre le gentil et le méchant, une bataille d'opinion pour la communauté de Harlem et des twists bienvenus entre les méchants qui vont se frotter aux biceps de Cage. La touche Netflix, c'est aussi de réussir à donner une profondeur insoupçonnée à tous ses méchants, qui passent de caricature de vilains à des personnages bien en chaire presque émouvants (s'ils ne flinguaient pas les innocents).
Enfin, troisième ingrédient super efficace de Netflix : la construction de ses épisodes. Il y a toujours le risque, dans ce type de série livrée en 13 épisodes simultanés, de n'avoir qu'une longue histoire poussive d'épisode en épisode (coucou Bloodline). Ce n'est pas le cas de Luke Cage, dont chaque épisode a ses propres enjeux, son unité de temps, de personnage et de lieux. Chaque volet a donc sa petite histoire avec son propre arc narratif, qui changera totalement à l'épisode suivant, comme si l'on ouvrait un nouveau comics des aventures de Luke Cage.
Luke Cage est donc une bonne surprise, avec des félicitations bien méritées à l'ensemble du casting qui se donne du temps pour exister à l'écran. Enfin, si le rythme un peu mou a tendance à être déconcertant, on s'y fait en voyant dans cette série une forme d'hommage à la blackspoliation, avec ses personnages typiques du ghetto qui parlent plus qu'ils ne tapent, sans oublier une bande sonore bien sentie, redressée par des guests musicaux de Harlem qui font définitivement de Luke Cage une série noire bien équilibrée, intelligente et très divertissante !
Bien joué Netflix !