A force d'être nourri par Netflix et autres, me manger des baffes de la magnitude de Legion, Jessica Jones...etc, j'avais oublié que la norme des séries de Super Heroes, il n'y a pas si longtemps, c'était Agents of SHIELD (avec ses hauts et ses (nombreux) bas), le négligeable et médiocre FLASH, le soufflet creux ARROW...etc.
J'ai appris à me méfier des séries DC à cause de purges comme Smallville, SuperGirl ou le triste Flash qui a failli intéresser grâce à l'antagoniste principal des premières saisons, et de celles estampillées MARVEL à cause de la débandade à mi-temps de Agents of SHIELD, de l'échec partiel du spin off sur Agent Carter. A force d'essoufflements en cours de route, j'ai donc appris à ne plus me jeter systématiquement dessus, et à plus forte raison depuis que l'on trouve sur le marché des choses qui flirtent avec l'excellence.
Mais période de fêtes, ennui momentané, nom inconnu au bataillon, autant de paramètres mineurs qui m'ont malgré tout poussé à tenter le coup sur cette série dont je n'attendais rien, sinon qu'elle me lasse au troisième épisode.
Et je me suis retrouvé à bouffer toute la série d'un bloc (jusqu'à l'épisode 8, du moins).
Non pas qu'elle soit excellente, loin de là, mais au moins suffisamment intrigante pour donner envie de revenir.
Alors certes, on a nos personnages clichés, certains frôlant le ridicule pur et simple, mais l'écriture se retrouve étonnamment plus finaude qu'elle pourrait le laisser imaginer à la base, jusqu'à être assez solide pour faire accepter les Mc Guffins qui traînent çà et là, les revirements de caractère, l'apparition d'un animal de compagnie particulièrement atypique, entre autres.
Et on a même droit à quelques vrais moments de mise en scène.
Je pense en particulier à la scène de la soeurette qui chante pour sa petite soeur adoptée, spécifiquement le genre de scène que je hais et qui me fait zapper, qui s'est muée en moment de grâce, tant par la virtuosité un rien ostensible de la voix de ladite soeur que par le design sonore flirtant avec l'electro ambient, et un jeu de travelling qui transforme le potentiel clipshow en élément de narration à part entière, laissant la chanson exister dans la diégèse de la série.
L'intelligence avec laquelle les fausses pistes sont disséminées pour révéler rapidement un enjeu autrement plus surprenant que le classique et éculé "je suis préado et je découvre mes pouvoirs dans la douleur", auquel s'intègre la mort d'une jeune fille et la désagrégation du groupe d'amis dans lequel elle évoluait...Etc, le tout saupoudré de triangles amoureux bien clichés...
Alors forcément, quand on bascule vers une intrigue qui titille allègrement la secte, la magie noire, le sacrifice humain et le pacte avec le diable, ça a le mérite de surprendre.
On voit clairement les choses se dessiner, nombre d'éléments pointer leur nez avec des bon gros sabots de plomb, mais toujours avec une pointe de distance critique, un zeste de surprise qui permet d'éviter le cliché éculé, ou de s'en servir pour rebondir ailleurs (parfois pas bien loin, mais l'effort est louable).
Peut-être suis-je devenu indulgent avec les années, mais peut-être y a-t-il vraiment quelque chose d'intéressant en gestation dans cette série.
Et trouver une série "mainstream" qui ne dilue pas son intrigue pour tenir 24 épisodes, mais qui ose une durée atypique de 10 épisodes, sans superflu, et bien personnellement, ça me réchauffe le coeur à chaque fois.
N'ayant pas lu le comics, je ne me prononcerai pas sur la qualité de l'adaptation.