Saison 1 - 7/10
Frank Castle avait été une des bonnes surprises de la saison 2 de Daredevil, apportant un rôle secondaire plutôt intéressant. L’annonce d’une série spin-off centrée sur le personnage avait donc de quoi mettre l’eau à la bouche. Au final, sans que cela soit une déception, on aura plutôt l’impression que les séries Marvel sur Netflix commencent à avoir un rythme de croisière. À l’image d’Iron Fist ou de The Defenders, cette première saison ne sera pas franchement transcendante. Alors certes, dans l’ensemble ça reste sympa et on peut saluer le fait de ne rien enlever à la violence du personnage. La saison soulèvera aussi des questions importantes sur les justiciers, le second Amendement et la relation qu’ont les Américains avec la violence des armes à feu, le sort des soldats une fois de retour au pays et du stress post-traumatique dont ils souffrent, les guerres incessantes inter-agences…
Il y a plusieurs questions intéressantes, mais l’intrigue en elle-même manquera un peu de panache pour vraiment nous intéresser. Le premier tiers sera plutôt mou, le second un peu apathique, et il faudra donc attendre le dernier pour que ça décolle vraiment, les éléments ayant péniblement réussi à se mettre en place. On se laissera enfin transporter dans l’histoire, certaines constructions d’épisodes s’avéreront intéressantes dans la façon dont elles font avancer l’histoire. Comme si les showrunners avaient d’abord voulu bien poser les bases, quitte à sacrifier le rythme, pour ensuite pouvoir s’y lancer pleinement. Seul le dernier épisode viendra un peu casser le tout, car bien que logique et attendu, il n’arrivera pas à recréer le climax atteint dans le précédent, et fera donc l’effet d’un soufflet qui retombe.
Au niveau du casting, pas grand-chose à reprocher, dans l’ensemble ça reste plutôt convenable et Jon Bernthal incarnera son personnage avec une certaine prestance sans pour autant laisser de côté ses émotions. C’est une confirmation de ce qui avait été vu dans Daredevil. Techniquement, j’ai déjà mentionné la présence de la violence en accord avec le ton et le thème de la série, et la représentation est plus que graphique lors de certains épisodes. La mise en scène sera plutôt efficace, avec quelques fulgurances lors de certains épisodes. J’ai notamment aimé dans l’épisode 3 cette scène à la fin : clairement, c’est filmé en plan-séquence, mais j’ai beaucoup apprécié qu’il a été monté de sorte à ce qu’on soit plongé dans l’esprit de Castle, et du coup on n’a que des brides qui nous parviennent. C’était ingénieux comme procédé.
Bref, une série qui manque à convaincre alors qu’il y avait un gros potentiel. On voit ici l’illustration parfaite que le format de Netflix est parfait pour le genre, mais le fait de faire/diffuser les séries les unes après les autres n’est pas l’idéal.
Saison 2 - 7/10
À l’image de bon nombre de ses partenaires, Frank Castle ne réussira pas à concrétiser avec sa seconde saison, même s’il parvient à limiter la casse. La raison principale, c’est le côté un peu brouillon de la saison qui ne sait pas sur quel pied danser. Voulant lancer les bases pour une nouvelles intrigues intéressantes dans ce qu’elle promettait, les scénaristes ont voulu caser au forceps la suite des aventures entre Madani et Russo en y ajoutant au passage un romance pas franchement bien négocier. Du coup, l’intrigue mise en place sera pratiquement abandonnée à mi-parcours pour se concentrer sur l’intrigue autour de Frank voulant faire payer à Billy une bonne fois pour toute, sauf qu’après une scène plutôt intéressante, le reste de la saison passe au point mort et attend gentiment que les épisodes passent, tandis que l’intrigue autour de Rachel et Pilgrim fait du surplace ou presque.
Du coup voilà, on aura une saison qui n’avance pas vraiment, qui ne démarre pas vraiment, mais qui finira quand même par se conclure, même s’il y avait une meilleure façon de le faire tenir et que le tout paraît un peu précipité. Au final, c’est surtout l’absence de menace qui rendra le tout plutôt morne, même si ça permet du coup de fouiller la psychologie du personnage de Frank et son traumatisme (et celui de Billy en parallèle). Plus sur l’action pure, la saison se concentrera donc sur ses personnages mais oubliera de leur donner une intrigue à développer pour rendre les évènements palpitants. Restera l’épilogue qui sera un bel hommage. Peu de chose à redire sur le casting ou l’aspect technique, puisqu’on reste dans les balises de la première saison.
The Punisher tire donc sa révérence. S’en sortant sans doute mieux que Luke Cage ou Iron Fist, s’avérant moins décevant que Jessica Jones, on pourra regretter de ne pas en avoir eu plus ou que la saison ait manqué de piment.