Thèmes : Société coréenne / Femme / Féminisme / Patriarcat / Violence
Bromance : 60 % / Romance : 0 % / Féminisme : 100% *
Kim Mo Mi a toujours rêvé d'être sur scène et de devenir une idol. Depuis toute petite, elle fait tous les concours de talents qui se présentent. Mais voilà, son physique est loin d'être à la hauteur des attentes du monde du divertissement... Comme la majorité des personnes, elle devient donc simple employée de bureau. Mais pour continuer à vivre de sa passion, la nuit, elle se transforme en star du Web masquée, dansant devant sa webcam en direct, face à des milliers d'internautes qui viennent l'admirer et l'encourager via une messagerie instantanée...
Voilà un kdrama inattendu, violent, novateur, étonnant. Et une série profondément critique sur la société sud-coréenne. A ce sujet, Mask girl est certainement l'un des kdramas les plus pertinents que j'ai vu jusqu'ici : elle dénonce les travers de la Corée du sud de manière vraiment frontale, notamment de par son concept de série chorale, effeuillant de manière très maline la marguerite, en apportant chaque fois un point de vue différent ou supplémentaire à l'intrigue.
Autre point fort : on se demande vraiment où le truc va aller, et ça, dès le second épisode. C'est assez bluffant. On part d'un postulat basique avec l'employée un peu moche amoureuse de son boss, et ça part dans une direction inédite ! Les épisodes sont courts, nerveux, rapides et surprenants. Bien malin celle ou celui qui saura où tout cela va nous entraîner...
Mask girl, dont le titre est extrêmement bien choisi au demeurant, nous parle d'une société d'apparences, où rien ne compte davantage que la beauté, la perfection, par l'intermédiaire de la transformation artificielle et plastique. Comme s'il fallait que tout le monde se ressemble, comme d'ailleurs deux des personnages féminins de la série, du même âge, qui ont toutes les deux eu recours à la chirurgie. Et dont l'une s'inquiète de ce à quoi pourrait ressembler son enfant : serait-il laid ? Pas grave pour l'autre : il suffirait lui payer une opération... La série parle en ce sens de cette violence qu'elle s'inflige à elle-même, et particulièrement aux jeunes filles et aux jeunes femmes.
Je lisais d'ailleurs il y a peu que la société sud-coréenne est une "société bistouri" : extrêmement branchée apparence, donc chirurgie esthétique, et donc superficialité. Les femmes en sont bien évidemment les premières victimes, usant et abusant du remodelage.
De manière plus large, cette violence ci s'accompagne ici de toutes les autres sortes de violence qu'on leur inflige : violences physiques, verbales et mentales. Plusieurs femmes de la série incarnent ces femmes symboles bannies par la société sud-coréenne : la jeune femme laide, la mère solo (seulement 2% des enfants naissent hors mariage en Corée), la criminelle, la femme-objet, ou encore la jeune fille mise au ban de la société car descendant d'une lignée "maudite"...
La série plaide pour la fin de ces discriminations. Ici, la série présente les femmes comme les victimes de cette société hautement masculine et patriarcale : elles sont moquées, dévaluées, méprisées, écrasées, déshumanisées par l'autre moitié de l'humanité, les hommes, ici symbole de malveillance : aucun n'a un rôle positif. Ils sont soit harceleurs, voyeurs, pervers, violeurs, lâches ou tout bonnement absents... La série aborde également d'autres sortes de violence, comme -bien sûr- le harcèlement scolaire, le harcèlement au travail, la brutalité du monde carcéral (bien moins sympathique que dans Prison Playbook...) ou encore celles infligées à la jeunesse.
Bref, Mask girl est une série féministe très intéressante sur le fonds, mais aussi dans sa forme (comme dit précédemment). Il y a peu peu d'espoir dans la série et il est confortable aussi qu'elle soit courte, parce que l'ensemble est assez malaisant. Donc un bon point aussi du côté durée. Un peu de lumière quand même avec
l'amitié entre Kim Mi-mo et Kim Ye-chun qui scelle la série
C'est une série qui joue dans la même cour que d'autres kdramas récents qui parlent aussi de violence sociétale : Hellbound, Squid game, Sweet home ou encore Weak hero class 1 ou Extracurricular par exemple... Un des meilleurs trucs que j'ai vu cette année...
*Voir page d'accueil de ma liste pour plus d'explications : https://www.senscritique.com/liste/Kdramas_vus/2850094