Disons-le avant tout, Urasawa est un excellent mangaka. Il suffit d'ouvrir un tome de Monster ou de Pluto pour s'en rendre compte. Et si ledit Monster reste une oeuvre assez populaire dans nos contrées, il faut bien avouer que ce n'est pas forcément le cas de ces autres créations tels que Master Keaton dont il est sujet ici. La force de cet animé, c'est d'abord sa sobriété, sa douceur, sa sensibilité, ses aventures et sa minutie extrême. Ensuite vient bien sûr le personnage de Keaton, métisse anglais-japonais et fraîchement diplômé d'archéologie mais qui travaille comme assureur car le pauvre pouassard ne parvient pas à décrocher un poste stable. Viendront les personnages du grand-père un peu pervers, de l'ami d'enfance aussi sosie de Jean Reno, de la fantomatique ex-femme et j'en passe.
En temps qu'enquêteur en assurance officiant indirectement pour la Lloyd's (compagnie londonienne opérant dans le monde entier), Keaton aura l'occasion de voyager dans divers pays tels que la Grèce, la France, la Russie et j'en passe. C'est donc une myriade de décors tous autant divers les uns que les autres qui nous attendent, chacun ponctué par les petites anecdotes et théories de notre héros qui ne manquera jamais de nous faire connaitre sa grande culture générale. La plupart des épisodes se dérouleront sinon au Japon ou en Grande-Bretagne, Keaton ne faisant pas que des enquêtes à longueur de temps, il donne parfois des cours d'archéologie ou rentre simplement dans son pays natal pour rendre visite à sa fille et son papounet. Divorcé d'une femme que l'on ne verra jamais, Keaton se verra forcé de peu voir sa progéniture ni de l'accompagner dans ses soucis personnels mais ce n'est pas pour autant qu'il ne gardera pas un œil dessus.
Et l'autre force de Master Keaton, c'est aussi son héros mais pas au sens propre du terme. Keaton est un type banale dans le sens où c'est un enquêteur d'assurance qui donne parfois quelques cours. En effet, son passé ainsi que ses connaissances font de lui un drôle de larron et plus que débrouillard mais il n'est ni flic, ni juge, ni tueur à gage, chevalier, ni procureur ou que sais-je encore. C'est un père de famille divorcé avec des difficultés pécuniaires et personnelles. Certes, il a des compétences en combat et survie dû à son engagement antérieure dans les SAS mais il reste un type exerçant un métier banal, comprenez-vous ? Exit le flic badass, le procureur imperturbable, le détective privé au courant de tout et j'en passe. Ici, Keaton se démerde comme il peut et en subissant les conséquences de ses propres problèmes.
Je suis désolé, je sais que c'est pas très pro mais je vais parler pour moi : il y a deux épisodes qui m'ont vraiment ému. Et il en faut beaucoup. Deux épisodes qui m'ont fait chialer comme une petite pucelle. Tous les autres valent le coup, cela va sans dire mais ces deux-là déchirent leur maman. L'épisode sur le poseur de bombe et sur la vieille japonaise désireuse de retrouver un amour perdu. Ces deux là sont plus que somptueux. Tout en finesse, en sobriété et en élégance.
Master Keaton est un animé à voir absolument. Pour sa justesse et sa sincérité. Vraiment.