Ah la la, Ikuhara. Un dieu parmi les hommes, si ce n'est un dieu parmi les dieux. Oui j'introduis direct, je suis un grand admirateur de Kunihiko Ikuhara. Cet homme est un véritable génie, en tant que réalisateur, que symboliste, qu'artiste en général, ayant réalisé deux de mes séries préférées, celle-ci et Utena. Je suis tombé amoureux de son style, vraiment. A noter que Penguindrum est la deuxième de ses œuvres que j'ai vu.
SEIZON SEIKAKUUUUU !!
Alors, pour les non-initiés, qu'est-ce que Mawaru Penguindrum ?
Sorti en 2011, Mawaru Penguindrum raconte l'histoire de trois personnages : Shouma, Kanbaru et Himari, deux frères et une sœur, celle-ci étant gravement malade. Aimant les pingouins, ses frères décident de l'emmener dans un aquarium, où elle meurt pendant qu'ils lui achètent un chapeau en forme de pingouin. Pleurant sur son lit de mort, ce chapeau pingouin apparaît mystérieusement sur la tête de la jeune fille, et pour une raison que nous résumerons par "C'est le Japon", elle ressuscite. Le chapeau pingouin leur apprends qu'il existe un objet appelé le "Tambour Pingouin" qui est quelque part en ville, et que celui qui le possède peut modifier le destin (en gros), et si ils l'offrent au chapeau, il ressuscitera la sœur, qui restera en attendant dans une sorte de forme que j'appellerais mort-vivante car c'est ambigu. Pour les aider, ils invoquent des pingouins. Kanba se voit doté de Penguin 1, Shouma de Penguin 2 et Himari de Penguin 3 (Notons l'originalité des noms).
Alors oui je sais, ce synopsis est assez spécial, mais autant être franc : Cette série est spéciale.
Mais alors, quels sont les points forts de Mawaru Penguindrum ?
En temps que bon gros fan convaincu, j'aimerais vous dire tout et m'arrêter là. Mais je ne vais point le faire. Parce-que ça mérite de s'étendre.
Déjà, un point important est, je pense, le traitement des personnages. Chacun est traité d'une manière très intéressante, ayant leurs épisodes pour eux, particulièrement dans la deuxième partie. C'est assez dur à exprimer sans spoil, mais je pense notamment à des personnages comme Yuri ou Tabuki, qui partent en étant assez inintéressants, mais qui deviennent excellents par la suite. Personnellement, je dois dire que je me suis attaché à tout les personnages majeurs de l'oeuvre, et ils mériteraient tous que je m'étende sur eux, malheureusement sans spoil c'est relativement impossible, et aucun de nous n'a la nuit devant lui.
Ensuite, il faut savoir que Ikuhara s'inscrit fortement dans le mouvement symboliste, utilisant de nombreuses allégories, incarnations ou donnant un sens spécifique à chaque objet, et même si je ne pense pas avoir décelé toutes les subtilités de l'oeuvre tellement elle est profonde et complexe, elle possède un univers visuel et métaphorique d'un développement rare, et j'aimerais dire égalé uniquement par ses autres œuvres. D'un point de vue analytique, l'oeuvre est un délice pour les yeux, nous transportant dans son monde régulièrement. Pour revenir sur le premier point, comme le symbolisme c'est cool, bah ça donne à l'oeuvre une dimension scénaristique extrêmement bien maîtrisée du début à la fin, et nous permet de profiler un nombre incroyable de théories, rendant les débats sur la série rapidement passionnants, et j'en ai fais l'expérience. C'est comme analyser ce que veut faire passer un peintre, mais en se basant sur 24 épisodes, permettant de s'égarer sur plusieurs thématiques.
Mais dit-moi, quels sont ces thématiques ?
Eh bien, je les classerais sous deux points : Le destin et la famille.
Le destin est quelque chose de très présent dans l'oeuvre, notamment à partir du personnage de Ringo, qui pense que le destin est quelque chose de fixe, auquel elle obéit aveuglément, et celui de Shouma, qui dit dès le départ de la série qu'il déteste le mot "destin". Un grand nombre des symboliques passent par ce thème, et ce destin est ce qui nous porte de l'épisode 1 à l'épisode 24, même sans être cité il est omniprésent, comme un spectateur et un acteur de l'oeuvre, sans être un personnage en soit car ce n'est qu'une force abstraite.
La famille est quelque chose de plus subtil. L'oeuvre nous permet de nous poser de nombreuses questions. Est-ce que la famille peut être de cœur, ou n'est régie que par le sang ? Est-ce qu'un enfant doit forcément assumer les fautes de ses parents ? Les parents sont des personnages que j’appellerais allégoriques. A aucun moment, un nom de parent n'est cité dans la série, mais chaque personnage voit les siens apparaître, souvent dans la deuxième partie, symbolisant plusieurs types de parents : De celui qui oppresse son enfant pour être le meilleur, à celui qui ne s'occupe pas de son enfant car ne correspondant pas à l'idéal qu'il en avait. C'est assez violent de voir le rejet familial de certains personnages, néanmoins ça nous apporte une vraie base de réflexion sur des thèmes que finalement nous ne nous poserions pas forcément en temps normal.
Conclusion :
Alors oui, vous remarquez que je fais pas de partie sur les défauts. Eh bien, la perfection n'existe pas, néanmoins je n'ai rien à dire sur Mawaru Penguindrum, tout étant maîtrisé d'une main de maître, portant l'oeuvre au stade de chef d'oeuvre d'écriture, autant dans le fond que dans la forme. Et je tiens à rajouter que ce qui achève, c'est que même avec autant de thématiques et techniques visuelles sérieuses, l'œuvre garde un aspect comique lui aussi excellent, notamment avec les trois pingouins qui sont toujours là pour faire ce qu'il faut pas faire. Je ne peux que conseiller cette magnifique oeuvre signé Kunihiko Ikuhara.
J'espère que vous vous passionnerez autant que moi pour cet animé, et que vous pourrez comprendre tout ce qu'il apporte d'un point de vue philosophique et psychologique, qui sait, peut-être mieux que moi.
Enjoy.