EZ rider (critique sans spoil de la 1ère et de la 2nde saisons + saison 3)

Après quasiment trois années de gestation, Kurt Sutter créateur/scénariste/producteur et parfois réalisateur de Sons of Anarchy revient à son univers de gangs de bikers avec son spin off: Mayans MC.
Là où SOA nous narrait les aventures d'un club de motards blancs évoluant dans une banlieue du nord de la Californie; Mayans MC suit la bande "rivale", celle des mexicains sur deux roues.
Bon je vois tout de suite les sceptiques au fond: "Bref c'est la même chose avec en bonus le sponsor Old El Paso !!" (Et non, c'est Trejo's Tacos, le resto du père Dany "Machete" Trejo TRUE STORY!!!)

Trêve de plaisanterie, on y retrouve la mythologie du milieu et l'écriture qui ont fait le succès des Sons, mais aussi de nouveaux éléments qu'ils soient culturels, le contexte géopolitique actuel et de nouveaux tenants et aboutissants.
Oui la culture latino y tient une place forte, et c'est logique, et pour ne pas tomber dans des clichés perçus par un scénariste n'appartenant pas à ce milieu, Kurt Sutter a co-écrit son scénario, ses personnages et sa toile de fond avec un jeune scénariste latinos du nom de Elgin James.
Connaissant la rue et les gangs, il est un atout majeur pour le pôle créatif et son authenticité.

Bien sur, le fan service et l'univers déjà posé par la série mère seront de mises ! Et il faut avouer que ce n'est pas un mal ! Heureusement, cette nouvelle série ne repose pas uniquement sur le succès de la précédente. Juste une toile de fond commune, le fan sera toujours content de voir ou entendre parler de personnages ou lieux communs à la bande de Charming...
Après il est vrai que l'on reconnaît le squelette narratif, le style d'écriture de son auteur: certaines mécaniques...
Après les 68 minutes de son premier épisode, de bonnes bases sont posées, beaucoup d'éléments, de clans, d'intrigues et sous intrigues ont été installé... (Déjà très riche en rebondissement à la sauce Sutter....)

La seule réelle faute de goût: c'est le générique (composé en partie par Mr Sutter ! La compo en elle même n'est pas à mettre en cause, mais elle ne reflète pas l'ambiance de la série. Elle aurait été plus adapté pour un spin off First 9 par exemple, car on ressent une ambiance purement américaine à travers cette balade: où sont les Mariachi ou un groupe de rock mexicain ou un truc hybride tapant dans tous les sens mais avec au moins une partie de ses paroles en espagnol, cabron !!!

Hormis cette faute de goût, les acteurs sont convaincants et le seront d'autant plus à force d'expérience au fil des épisodes (c'était le cas pour SOA, ou d'autres séries): il faut le temps d'huiler la machine.
L'épisode 2 apporte son nouveau lot de surprises et autres fans service: ça démarre sur les chapeaux de roues ! Quant aux épisodes 3 à 5, ils agrandissent l'univers tout en faisant avancer d'un pas les intrigues en cours. A partir des épisodes 6 à 9, cela s'accélère et créée de nouveaux enjeux, ce n'est pas étonnant connaissant les systèmes narratifs de l'auteur.
L'épisode final est riche en rebondissements, et installe de futurs intrigues pour la saison 2 prévue l'an prochain. Le chef d'orchestre Kurt Sutter a très bien fait son boulot, autant pour les nouveaux téléspectateurs que pour les fans de sa précédente série.

Bien sur, ceux qui attendaient une pâle copie seront déçus, celle ci est plutôt bronzée, pas de Jax Teller à l'horizon ou autres têtes blondes. Vous n'aurez pas un SOA bis, avec le temps cette série aux codes similaires évidents se forge une identité propre, ce qui n'est pas pour déplaire.

Les chiens ne font pas des chats, les corbeaux non plus...
Mais les corbeaux font ils des chiens ?
A vous de me le dire, après visionnage du premier épisode: vous comprendrez cette question ;)

Points négatifs à relever, durant la saison 1 on pouvait apercevoir un animal ou insecte différent dans chaque épisode. Exprimant une sorte de fil narratif, à travers ces animaux "totems" pas une mauvaise idée en soi, mais ils étaient généré par ordinateur pour leur faire réaliser des actions difficiles à faire réaliser à de vrais insectes ou animaux: c'était visuellement dégueulasse.
La course habituelle aux économies à pousser les producteurs dans cette facilité pour la saison 2, ce qui nous donne de la CGI à tout va ! Une étincelle: CGI. Une Flamme ? CGI. Une porte de garage défoncée ? CGI. Du sang ... CGI. Et hélas ce détail (et le fait d'avoir beaucoup moins de plans larges) donne un côté plus cheap à la série que sa série mère.
Le second point négatif est, encore une recherche de l'économie, avec une quantité de plans serrés pour ne pas être obligé d'utiliser des caméras sur grue en début de scène par exemple: concrètement, il y a peu de plans larges pour nous faire arriver sur des décors. Ce qui donne parfois un côté étriqué à l'univers et n'aide pas à nous faire systématiquement entrer dedans.
Conclusion, bien que la série soit sympathique, on reconnaît toujours la patte de Kurt Sutter, il y a un côté cheap qui fait de celle ci une série de moins bonne qualité que Sons of Anarchy, mais le récit reste de bonne facture.

EDIT: Pour la SAISON 3, quelques virages ont été pris pour le retour du MC de Santo Padre, changement de générique (le précédent ne faisait pas l'unanimité dans ces deux versions), un truc simplement musical, sans texte avec pour illustration une sorte de critique sociale et politique un peu fourre tout, sympathique, qui annonce déjà un changement de ton général.
La série n'est plus filmée avec le même type de caméra (format cinémascope pour les spécialistes ? c'est une question), d'éclairage, la narration évolue: on ne sent plus la patte Sutter présente encore lors des deux précédentes saisons.
Alors oui, FX a voulu créer l'évènement en diffusant les deux premiers épisodes sur un soir, mais permettez moi de douter des intentions, comme WandaVision en janvier sur Disney+, je pense que tout ceci est justifié par un fait bien plus lucratif. Les têtes pensantes se sont aperçues que le scénario ne décolle pas lors du premier épisode, et pour éviter les chutes d'audiences en seconde semaine il fallait mettre double ration pour avancer un peu plus dans le série.
La saison décolle tout doucement, on met de côté les références à SOA (un bien en soi, mais c'est assez brutal), la série nous fait enfin découvrir sa véritable identité.