Je n'ai pas tout à fait reconnu la famille Addams de mes souvenirs, et je regrette que Tim Burton, qui semblait pourtant être tout désigné pour tirer parti au mieux de cet univers macabre si proche du sien, se soit contenté de faire une série trop lisse. Je passerai aussi sur le féminisme lourdingue et le wokisme obligatoire qui étaient prévus au programme, nous sommes en 2023 sur Netflix, il serait donc hypocrite de s'étonner de cela.
La série n'est pas pour autant si mauvaise, les nombreuses punchlines acerbes de Mercredi sont assez savoureuses, et l'actrice, bien qu'un poil trop monotone dans son jeu, campe le personnage avec la froideur et le cynisme qui conviennent. Par contre je trouve que Luis Guzmán n'a pas la prestance suffisante pour porter le costume de Gomez Addams, et le fait qu'il soit "adolescentiser" au même titre que Morticia lors d'un épisode, écorne l'aura de ces personnages si tendrement ténébreux. Cette "adolescentisation" touche à tous les aspects de la série, et combinée au formatage d'un produit Netflix grand public, le processus aboutit à normaliser le marginal, le principal paradoxe du projet ! Mais c'est surtout la volonté de noyer l'excentricité familiale si singulière des Addams dans une surenchère de toutes les créatures fantastiques à la mode qui rend la démarche contre-productive.
Malgré cette édulcoration et la présence de tous les stigmates d'une série pour ados je n'ai pas pu m'empêcher d'apprécier cette première saison, la direction artistique est de bonne facture et les jeunes acteurs sont attachants. Le scénario dose correctement les rebondissements, même si les mystères de l'enquête se devinent assez tôt. Les références aux sagas fantastiques à succès sont un peu trop évidentes, mais l'immersion dans l'univers de la série n'en est que plus aisée. Le thème musical emblématique de la famille Addams est absent de la B.O, Danny Elfman reste néanmoins dans l'ambiance en signant une partition travaillée qui participe grandement de l'atmosphère intrigante et étrange de l'ensemble.