En 3 petites saisons, Sophie Garric et Camille Ghanassia s'inspirent de leurs cousines américaines (Lena Dunham, Issa Rae ou Jennifer Kaytin Robinson n'auraient pas renié un tel programme) et proposent de montrer la vie quotidienne des jeunes femmes françaises (versant bourgeois). Derrière le côté galéjade comique, Meufisme se montre d'une ambition plus élevée que ce qu'on attendait au départ... et c'est réussi !
La 1re saison reste en en demi-teinte, la faute à un ton ne choisissant pas entre déconne et satire, tendresse et pamphlet féministe, d'où une certaine lourdeur. Les showrunneuses résolvent le problème dans le finale, cauchemar éveillé où Jolene, l'héroïne, subit le harcèlement de rue en pleine nuit (épisode aussi effroyable que nécessaire). Meufisme fait enfin son choix : elle assume pleinement son côté militant qui infusera les 2 saisons suivantes, sans jamais abdiquer sur un humour tornade. Les créatrices font feu de tout bois : sexisme au travail, charge mentale du couple, injonctions contradictoires, harcèlement... si le patriarcat est ventilé façon puzzle à chaque épisode, Garric et Ghanassia se montrent délicieusement rosses avec leur héroïne - Amy Schumer n'est pas loin - loin d'être un modèle, ce qui ne la rend que plus touchante. L'influence de Lena Dunham (Girls) est évidente, mais on pense aussi beaucoup à Sex and the city dans la parole crue, l'ode à la sororité et l'amitié féminine, et une ambiance girly qui n'étouffe en rien le discours.
Si le feuilleton soudain de la saison 3 laisse perplexe (quitte à être parfois artificiel), Meufisme demeure bien une jouissive websérie honnête, franche, militante et hilarante. Par bien des aspects, elle prédate l'excellente The Bold Type, notamment dans ce dérangeant regard réaliste de la vie perso. En quittant cette websérie produite de façon très pro, on se prend à rêver d'un retour de Jolene.