Quand dans un film européen on s’attaque au thriller, spécialité américaine, ça peut faire mal. C’est pas dérangeant, mais il y a de l’idée. Innovant ? Pas sûr. Le film bénéficie de l’aura de succès du livre, best-seller mondial, on nous le rappelle tout le temps. L’histoire est d’ailleurs complexe juste ce qu’il faut, la mise en scène est solide, et on ne s’ennuie pas une minute, malgré la longueur ; les rebondissements sont travaillés au scalpel, les flash-back sont assez opportuns. J’ai juste un peu de mal avec cet expressionisme d’un romanesque très littéraire, qui nous montre des « méchants » presque caricaturaux dans leur méchanceté, une violence assez « spectaculaire », mais pas assez travaillée de l’intérieur pour m’émouvoir vraiment. Un sérieux tout nordique, une narration froide et hivernale. Le couple d’enquêteurs, formé par les circonstances (une punk hacker, et un journaliste coincé). Le couple est évidemment mal assorti, le genre l’impose, et à l’écran, il est pas mal ce couple, mais leur relation n’est pas très réaliste. Je trouve qu’elle n’est pas assez exploitée par le réalisateur, qui avait tellement de boulot avec le montage, qu’il a un peu négligé ce point. Cela devient de plus en plus démonstratif, de moins en moins drame psychologique. Plus le film avance, plus c’est un objet, un tableau presque froid et formaliste. On dérive entre drame familial, passé nazi, secrets inavouables, on aboutit à un sérial killer, et un final des plus classiques, plus hollywoodien tu meurs ! Dommage. Cela enlève du cachet au film qui a d’autres qualités. Mise en scène de bonne facture, histoire écrite, et bien écrite. Les personnages. Celui de Lisbeth Salander, tenu par Naomi Rapace, est étrange et attachant. Cela reste un bon thriller pour les amateurs du genre, avec une violence perverse qui jaillit de temps en temps en pleine face. La fille qui rêvait d’un thriller romantique