L'Amsterdam peinte par Vermeer est évidemment une mine esthétique pour les éclairagistes. On a rarement autant magnifié les intérieurs et les menus objets du quotidien. Et voilà que cette série récupère ce propos à son compte, faisant chatoyer les étoffes, briller les boiseries vernies, éclater les couleurs vives dans leur écrin d'obscurité, bref, ravissant les yeux de la première à la dernière image. Rien que pour ça, elle mérite d'être vue, voire scrutée à la loupe. L'équipe a fait un travail épatant, qui rappelle Tulip Fever ou La jeune fille à la perle, l'adaptation du roman de Tracy Chevallier. Pour le reste, s'il y a bien un fil narratif digne d'intérêt, ça n'est quand même pas l'histoire du siècle, et la petite touche de fantastique n'assume jamais franchement sa nature subversive. Malgré tout, certains thèmes, comme l'intolérance, l'appât du gain, la jalousie, la tyrannie, la marginalité, etc., sont dignes d'intérêt, même s'il ne sont pas vraiment tous traités avec le même soin. On peut néanmoins ressentir par moment l'oppression exercée par les milieux clos, dans lesquels chacun est épié par ses voisins, voire dénoncé ou calomnié, et ça donne à la série une ambiance un brin paranoïaque dont on peut regretter qu'elle n'ait pas davantage été exploitée. Mais je ne lui en veut pas, je me suis bien rincé l’œil sur ses lumières ravissantes.