S'il n'est toujours pas si facile d'être féministe de nos jours, on peut imaginer les écueils qui attendaient les pionnières dans les années 70, même en Californie. Selon ce petit feuilleton enlevé, il fallait une bonne dose d'inconscience, voire un petit syndrome autistique léger, pour se lancer dans la moindre entreprise qui ne respectait pas les normes étriquées de l'époque. L'héroïne correspond tout à faire à ce profil de pionnière obsessionnelle sans grande subtilité relationnelle, pour le dire comme ça, qui rentre dans le lard glorieusement à n'importe quel semi-sceptique sur ses intentions militantes. Son mari en fait les frais le premier. Ensuite, elle chamboule les habitudes d'un rédacteur sûr de lui, bien décidé à se servir de ses idées dans l'air du temps pour provoquer le scandale qui le rendra riche. Elle est butée, il est obstiné, elle est compétente, il a du flair, tout les oppose, ils font évidemment faire une équipe d'enfer. C'est cousu de fils blancs, mais plutôt enlevé, les dialogues savoureux opposant les deux protagonistes ne manquant pas de piquant. Après, il y a évidemment un sujet scabreux : la publication d'un magazine qu'elle veut féministe et que lui préfère tapageur. Le premier qui publierait des photos d'hommes nus. Il se peut que c'est ce soit ce qui a pu attirer une bonne partie des spectateurs qui se sont lancés dans le premier épisode. Et ils ont dû en ressortir plutôt contents : un pareil catalogue de zobs, ça n'est pas si fréquent. Perso, ça me rappelle les affiches de prévention des MST de la salle d'attente du gynécologue, mais bon. Passé cet indigeste affichage, censé nous démontrer l'audace de la publication du magazine Minx a une époque plus conservatrice, dans un pays ultra coincé du slip, les démêlés des protagonistes avec le milieu des affaires ou les ligues de vertu sont plus classiques, même si chaque épisode continue à jouer l'aguichage fastoche avec quelques pièces d'anatomie vaguement inquiétantes. N'empêche, le rythme ne faiblit pas vraiment et on se laisse porter jusqu'à la fin par une galerie de personnages plutôt attachants, confrontés à des situations assez inattendues. Pas de désastre, donc, mais pas non plus de quoi pulvériser des records. Je ne suis pas sûre que ça méritait toutefois un classement interdit aux moins de 16 ans vu la consommation de pornographie des têtes blondes munies de téléphones.